Bonjour à tous, chers amis de l’UTEL !

À défaut de nous déplacer, suivons chez nous l’itinéraire d’un romancier d'aujourd'hui sans frontières :

JEAN-CHRISTOPHE RUFIN

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Au club lecture, nous avons lu avec plaisir plusieurs de ses romans. Notre intention est donc de faire connaître cet écrivain contemporain français, sa vie, son œuvre et les messages qu’il veut faire passer à travers ses romans.

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1. Biographie de Jean-Christophe Rufin

Difficile de résumer la vie de Jean-Christophe Rufin, tant cet hyperactif s’est passionné pour de multiples activités avec un appétit aussi intense que vite rassasié. C’est de plusieurs vies dont il faudrait parler pour ce découvreur perpétuel : médecin, humanitaire, conseiller politique, ambassadeuret bien entendu, écrivain. Ses différentes vies transparaissent dans son œuvre littéraire.

Jean-Christophe Rufin est né à Bourges le 28 juin 1952. Son père est vétérinaire, et sa mère publicitaire. Suite à leur séparation, sa mère part travailler à Paris, et il estélevé à Bourges par ses grands-parents.

Son grand-père, fut déporté pour faits de résistance. Médecin, lui-même, il est possible qu’il influence le choix professionnel du jeune Jean-Christophe, mais selon l’écrivain, c’est la première transplantation cardiaque réalisée en 1967 par le professeur Barnard qui décide de sa vocation. (cf France culture du 8.12.2014)

A Paris, après des études aux lycées Janson-de-Sailly et Claude-Bernard,il entre à la faculté de médecine de La Pitié-Salpêtrière.

En 1975, il est reçu au concours d'internat à Paris et officie en neurologie à La Pitié-Salpêtrière.

Il poursuit une carrière de médecin hospitalier aux hôpitaux de Paris jusqu’en 1996, en alternance avec des missions humanitaires.

Après avoir effectué son service militaire en 1976 comme coopérant en Tunisie, il effectue sa première mission humanitaire en Érythrée, alors ravagée par la guerre. Il y pénètre incognito avec les forces rebelles érythréennes au sein de mouvements humanitaires. Il est l’un des pionniers du mouvement humanitaire avec Bernard Kouchner, et Claude Malhuret de Médecins sans frontières dont il devient le vice-président de 1991 à 1993 et participe à plusieurs missions, principalement en Afrique de l’Est ou en Amérique latine.

En 1985 il devient le directeur médical d'Action Contre la Faim en Éthiopie qu’il qualifie lui-même comme son premier véritable engagement humanitaire. C’est d’ailleurs dans ce pays qu’il rencontre sa seconde épouse Azeb.

De 1994 à 1996, il est administrateur de la Croix-Rouge française.

En 1999, il est en poste au Kosovo comme administrateur de l’association Première Urgence, et il fait libérer onze otages français de cette association détenus par les Serbes de Bosnie, « en sympathisant avec les geôliers et en s'obligeant à boire avec eux ».

De 2002 à 2006, il est Président de l’ONG Action Contre la Faim, dont il reste président d’honneur.

De cette expérience, il produit quelques essais et romans sur l’aventure humanitaire.

En 2020, il est nommé Président de la Fondation d’Entreprise Sanofi Espoir, dont le but est de réduire les inégalités en santé pour les populations les plus vulnérables.  

Pour acquérir les « repères » comme il dit lui-même, il suit les cours del'Institut d’Etudes Politiques de Paris dont il sort diplômé en 1980.

De 1986 à 1988, il est conseiller du secrétaire d'État aux Droits de l'homme, Claude Malhuret.

En 1989-1990, il est attaché culturel et de coopération auprès de l'ambassade de France au Brésil.

En 1993, il entre au cabinet de François Léotard, ministre de la Défense, comme conseiller spécialisé dans la réflexion stratégique sur les relations Nord-Sud.

En 1995 il devient attaché culturel à Recife au Brésil.

De 2007 à 2010, il est ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie sur la proposition du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Il se fait apprécier à ce poste tout en gardant sa liberté d’expression. Il participe en 2008 avec les agents de la DGSE à la traque des fuyards d'Al-Qaïda après l'assassinat de touristes français en Mauritanie.

En 1997, il sort son premier roman L’Abyssin qui connaît un grand succès, ce qui l’amène à privilégier l’activité d’écriture parmi toutes ses vies. Dès lors, il poursuit une carrière d’écrivain très active où il mêle souvenirs personnels et faits historiques.

Déjà reconnu par de nombreux prix littéraires, dont le Goncourt en 2001 pour Rouge Brésil, il est élu à l’Académie française en 2008 où il occupe le fauteuil d’Henri Troyat.

Il reconnaît lui-même une vie privée « pittoresque » (cf Europe 1 du 10.5.2019)

Il épouse d’abord, en 1977 Irène Commeau, d’origine Russe, dont il aura un fils Maurice.

Puis, il rencontre en Érythrée Azeb Gebreyes, une Éthiopienne d'une grande famille qu’il épouse à trois reprises, avec deux divorces à la clé.

Il aura deux filles, Gabrielle et Valentine.Azeb Rufinest maintenant son agent littéraire, ainsi que celui de Sylvain Tesson, grand ami de la famille. Il est aussi officier de la Légion d’honneur.

Passionné d’alpinisme, Jean-Christophe Rufin réside principalement à Saint-Nicolas-de-Véroce dans le massif du Mont-Blanc, dans une ancienne grange reconstruite. C’est là qu’il écrit généralement ses romans qui s'apparentent à des romans historiques, des récits de voyage, des romans d'anticipation, ou au genre policier.

« J'ai été déformé dans le sens du visuel. Comme le disait Kundera, il y a deux sortes d'écrivains : l'écrivain musicien et l'écrivain peintre. Moi je suis peintre. Quand on écrit, soit on écoute, soit on voit. On ne peut pas faire les deux en même temps.» (cf Le Figaro du 10.8.2007)

Si on devait résumer Jean-Christophe Rufin en une phrase, ce serait :

un globe-trotteur de la vie, intéressé par beaucoup de choses, qui se lance dans tout et partout pour voir et comprendre le monde.


2 . L’homme de lettres

Plutôt qu’écrivain, Jean-Christophe Rufin préfère se présenter comme un médecin qui écrit et un conteur d’histoires qui observe et habite le monde.Nous le verrons, sa vie trépidante, ses multiples expériences professionnelles et sa personnalité influencent toute son œuvre littéraire. Nous avons choisi de traiter un thème qui est cher à Jean-Christophe Rufin et que l’on retrouve souvent dans ses romans :LA RENCONTRE, rencontre des civilisations, rencontre des êtres, rencontre avec soi-même et tout ce qui peut en découler : les passions, les malentendus, les ruptures, les prises de conscience, l’ambivalence, la violence… et montrer le dessein de Jean-Christophe Rufin avec ses romans : éclairer le lecteur et le rendre plus lucide sur le monde.

Pour ce faire, nous avons choisi quelques passages de livres illustrant ce thème :


 3. L’Abyssin (Editions Gallimard 1997. ISBN 9782070746526) Prix Goncourt du premier roman.

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Jacques-Charles Poncet, médecin et apothicaire au Caire est envoyé en 1678 à la demande du consul de France en Abyssinie pour soigner le Négus et son fils. Il relatera son expédition dans un ouvrage « Relation de mon voyage en Ethiopie 1678-1701 », la véracité de ses propos sera mise en doute. Calomnié, il s’exilera à Ispahan où il décèdera en 1708. Ce fait historique est la trame du roman l’Abyssin.

Nous sommes en 1699, M de Maillet, consul de France au Caire reçoit la visite du Père Versau, un jésuite, émissaire du confesseur de Louis XIV. Le consul est chargé au nom du Roi de former une ambassade pour l’Abyssinie afin « de ramener cette terre à l’Eglise ». Les jésuites ont appris que le Négus est souffrant, le prétexte est trouvé : ils enverront un médecin.

Le choix se porte sur Jean-Baptiste Poncet, médecin et apothicaire, qui exerce sans diplôme mais avec succès, soignant même le Pacha. Son coup de foudre pour Melle de Maillet décide Jean-Baptiste à accepter cette mission : « je vais en Abyssinie, je guéris le Négus, je reviens avec l’ambassade qu’on me demande, je l’accompagne à Versailles, Louis XIV me fait noble et le consul ne peut plus me refuser sa fille. » (page 101)

Il voyagera avec son serviteur Joseph, « faux valet et vrai jésuite », sous la protection non désintéressée du marchand Hadji-Ali.

Roman historique, roman d’aventures aux mille rebondissements, histoire d’amour, l’Abyssin servi par une écriture agréable est un roman captivant.

Dans l’extrait choisi, après plusieurs mois d’un voyage éprouvant, Jean-Baptiste Poncet est enfin arrivé à Gondar, capitale de l’Abyssinie et va être reçu en audience par le Roi des Rois. Il est accompagné du marchand Hadji Ali et de son associé Maître Jurémi qui, persona non grata car protestant, n’avait pu les accompagner au départ du Caire mais les avait rejoints secrètement.

Extrait p. 201…205, lu par Catherine (4’55) : Cliquer sur le lecteur ci-dessous


4. Rouge Brésil (Editions Gallimard, 2001, ISBN 9782070301672 ; en Folio n°3906 ISBN 9782070458059)

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Le roman ROUGE BRÉSIL raconte un fait historique réel méconnu, la tentative de colonisation du Brésil par les Français au XVIème siècle sous la conduite de Nicolas Durand de Villegagnon au nom du roi de France Henri II pour fonder « La France dite Antarctique ». Pour cette expédition, Villegagnon s’entoure de quelques personnes de bonne volonté de confession catholique et aussi protestante et d’enfants, comme dans le roman Just et Colombe, qui servent d’interprètes avec les tribus indiennes. Les luttes théologiques intestines feront échouer l’entreprise et le Brésil restera aux mains des Portugais. « Rouge Brésil est écrit en trois mois de fièvre et de bonheur » dit Jean-Christophe Rufin. Il remporte le prix Goncourt 2001.

Nous sommes en 1555, trois vaisseaux français qui sont partis du Havre-de- Grâce trois mois et demi plus tôt ont appareillé sur une petite île face au rivage, rivage baptisé par les Portugais cinquante ans plus tôt « La rivière de janvier » ou Rio de Janeiro.

Dès le lendemain a lieu la première rencontre avec les indigènes, à propos desquels Villegagnon a déjà annoncé : « Il ne s’agit pas pour nous d’en faire des alliés mais des sujets ! ».

Extraits pages 169à 173, lu par Véronique (2’18) : Cliquer sur le lecteur ci-dessous


5. Globalia (Editions Gallimard, 2003, ISBN 9782070737992)

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Dans ce roman de science-fiction, la planète est divisée, d’un côté une fédération d’états, Globalia, et de l’autre des zones de non-droit, les « non-zones » territoires au paysage post-apocalyptique où vivent des tribus misérables et isolées.

En Globalia, la population vit sous d’énormes bulles où le climat est régulé, où les écrans sont omniprésents aussi bien dans la sphère publique que privée. Ces écrans déversent en permanence spots publicitaires et flashs d’informations tout en filmant et enregistrant les habitants car en Globalia, « la surveillance c’est la liberté ».

La liberté, c’est celle de consommer, d’avoir des loisirs, d’aspirer à l’éternelle jeunesse grâce à la chirurgie esthétique et au clonage thérapeutique pour changer tout organe défaillant.

La surveillance, c’est la « Protection Sociale » administration toute puissante chargée entre autres de distiller la peur par la diffusion permanente sur les écrans d’images d’attentats.

Mais derrière la « Protection Sociale » et derrière les politiques, une poignée d’industriels fixe les règles pour défendre leurs intérêts.

Parce que « un bon ennemi est la clé d’une société équilibrée », un de ces oligarques va ourdir une machination en choisissant l’Ennemi. Ce sera Baïkal. Il a vingt ans, il faut se méfier de la jeunesse, et Baïkal souffre « d’une pathologie de la liberté » qui l’a conduit à plusieurs tentatives infructueuses d’incursion dans les « non-zones ». Il sera exilé dans ces « non-zones », qui ont été trop affaiblies et où il faut envoyer des sujets brillants, avides d’aventures et d’action, en espérant qu’ils parviendront à fédérer ces masses misérables ».

Globalia dépeint une démocratie dont certains travers prêtent à sourire, d’autres sont plus alarmants car cette société ne semble pas trop éloignée de la nôtre.

Dans l’extrait choisi, Baïkal a été abandonné dans les « non-zones » par les militaires de Globalia. Sa première rencontre, c’est le dénommé « Fraiseur ». D’abord hostile, leur relation évoluera comme un apprentissage, Fraiseur donnant à Baïkal les codes et les informations indispensables à la survie dans les « non-zones ».

Extraits p.217 …220, lu par Catherine (4’08 ) Cliquer sur le lecteur ci-dessous


6. Le grand Cœur (Editions Gallimard, 2012, ISBN 9782070119424 ; en Folio n°5696, ISBN 9782070456154)

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Jean-Christophe Rufin a écrit plusieurs romans historiques, un genre dans lequel il excelle particulièrement, en mêlant faits réels et sentiments imaginaires.

Le choix de la biographie romancée de Jacques Cœur dans Le grand Cœur, apparaît comme une évidence : Qui ne connaît le nom de ce grand marchand, et en même temps n’en sait que bien peu ? Qui n’a entendu parler du palais Jacques Cœur de Bourges, sans l’avoir jamais visité ? Et qui se sent le plus concerné pour faire « revivre » cet homme réduit par les nombreux historiens à son activité de commerçant : Jean-Christophe Rufin – bien sûr - natif de Bourges à laquelle il reste très attaché.

Dans la postface de ce livre, il dit « J’ai passé mon enfance au pied du palais Jacques Cœur. Je l’ai vu par tous les temps et, certains soirs d’hiver, j’avais le sentiment qu’il était toujours habité. Il m’est arrivé de sentir sur la poignée de fer (de la porte) la tiède empreinte de la main de son propriétaire. (Et déjà), l’imagination s’élance, elle prend son envol sans risque de se cogner aux obstacles placés par des documents. (Jacques Cœur), très vite, je l’ai senti s’animer, frémir, penser, décider, agir, vivre.»

Il dit encore « Pendant mon enfance rude et grise, il fut celui qui me montrait la voie, qui témoignait de la puissance des rêves et de l’existence d’un ailleurs de raffinement et de soleil. Je me devais de lui rendre un hommage à la mesure de ce qu’il avait fait pour moi.»

Rufin dit aussi « Nous ne savons pas ce qu’est le Moyen-Âge. Lui (Jacques Cœur) non plus. Il va le comprendre en y vivant, et nous, en le regardant vivre. Il est peu d’hommes à qui sera donné de traverser tous les mondes, de tout connaître et de tout comprendre. Cette époque, il la transforme.» Rufin illumine pour nous cette période qu’on croyait obscure par les récits de voyages et d’aventures de Jacques Cœur et nous fait aussi découvrir dans cette grande fresque historique, le roi Charles VII sous un angle inattendu, et la troublante Agnès Sorel, première maîtresse officielle d’un roi.

En lisant ce livre, j’ai été frappé par grand nombre de similitudes supposées entre le héros et l’auteur. Rufin, tout comme Jacques Cœur a besoin de ces rencontres avec des horizons lointains pour s’accomplir, et besoin d’un signe du destin pour se mettre en route.

Ainsi, il marque le début de la vocation de Jacques Cœur par une rencontre avec un léopard :

Extraits du livre pages 23,24,25,27.Lu par Christian (2’57 ) Cliquer sur le lecteur ci-dessous


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7. Immortelle randonnée Compostelle malgré moi (Editions Guérin, 2013, ISBN 9782070134120 ; en Folio n°5833, ISBN 9782070455379)

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Jean-Christophe Rufin suit à pied en 2011 sur plus de 800 kms le « Chemin du Nord » jusqu’à Saint-Jacques-de Compostelle. A travers cette grande marche solitaire, il voit un défi sportif, un moyen de perdre quelques kilos, une manière de préparer la saison de montagne, une purge intellectuelle avant d’entreprendre la rédaction d’un nouveau livre et le retour à une nécessaire humilité après une période marquée par les fonctions officielles et les honneurs.

C’est quand il arrive en Galice que Jean-Christophe Rufin est le plus réceptif à ses émotions : paix, bonheur, peurs… Sa femme Azeb le rejoint à Lugo pour les cent derniers kilomètres. A ce moment-là, il parle des transformations physiques et morales du pèlerin… et de son fameux sac à dos :

Extraits pages 233 à 237, lu par Elisabeth (3’09) Cliquer sur le lecteur ci-dessous



8 .Le collier rouge (Editions Gallimard, 2014, ISBN 9782070137978)

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 En 1919, un héros de la guerre 14, décoré de la légion d’honneur, est détenu en prison quelque part dans le Berry. Son chien prénommé Guillaume n’arrête pas d’aboyer sur la place devant. Lantier, un militaire, arrive de Paris pour juger l’affaire. En essayant de comprendre le geste du combattant, il nous fait découvrir le quotidien d’un simple paysan, à partir du moment où il a été emmené à la guerre dont il ignorait tout, jusqu’à ce jour fatidique où il a commis une transgression. Nous ne connaîtrons le motif de l’arrestation qu’à la fin du livre.

« C’est effectivement une confrontation des mondes intérieurs de ces personnages, à la fois révélés et transformés par la guerre, mais aussi murés en eux-mêmes. Ils sont devenus incapables de communiquer » explique Rufin dans l’entretien réalisé par Gallimard à l’occasion de la parution du livre en février 2014. 

Dans l’hommage, en fin de son livre, il nous dit qu’il s’est inspiré d’un fait réel qu’un de ses amis lui a rapporté.

Dans l’entretien accordé à RTL le 10/3/2014, Rufin explique : « C'est un petit hommage à ces chiens qui ont suivi leurs maîtres, il y en avait des centaines de milliers dans les tranchées. Certains ont eu un rôle héroïque. Ils posent le problème de la part animale, le combattant est un animal, et c'est ce qu'on lui demande, d'être une bête, d'être d'une cruauté terrible à l'égard de ses ennemis. C'est tout le sujet du livre. »

Mais ce qui va différencier l'animal de l'être humain, c'est la fidélité selon l'écrivain. « Le chien défend ses amis. Le fait d'être humain, c'est le fait d'aller au-delà de ça, c'est à dire pas seulement défendre ses amis, mais d'être aussi capable devoir l'être humain dans l'ennemi. »

Guillaume le chien a bien malgré lui provoqué l’offensive alors que les combattants de chaque côté du front étaient sur le point de fraterniser. Morlac le pacifiste pris dans la tourmente est blessé dans l’assaut.

Extrait chapitre VIII, pages 119 à 122 : Lu par Christian (5’50) Cliquer sur le lecteur ci-dessous


9. Check-point (Editions Gallimard, 2015, ISBN 9782070146413)

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 Jean-Christophe Rufin fut un pionnier du mouvement humanitaire des « French doctors », il a fondé Médecins Sans Frontières et participé à Action Contre la Faim. Deux ouvrages relatent cette expérience : Les CAUSES PERDUES (Prix Interallié en 1999) sur une mission de médecins français en Erythrée et CHECK POINT écrit en 2015. CHECK POINT fait référence à son expérience alors qu’il était au cabinet de François Léotard et à son parcours dans les Balkans pendant la guerre en ex-Yougoslavie. C’est un thriller psychologique, en Bosnie par temps de guerre, qui soulève un dilemme fondamental de l’époque, alors qu’il y a des attentats revendiqués par DAECH : y-a-t-il encore une place pour la neutralité bienveillante de l’action humanitaire ? Face à la souffrance, n’est-il pas temps de prendre les armes ?

Dans le livre, Maud, 21 ans, accompagnée de quatre hommes est engagée dans une ONG et se retrouve au volant d’un quinze tonnes sur les routes de la Bosnie en guerre.

Voici un extrait lu page 55 , lu par Marie-Pierre (1’09 ) Cliquer sur le lecteur ci-dessous


10. Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla (Editions Gallimard, 2019, ISBN 978207274315)

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Entre Edgar et Ludmilla, c’est de suite la passion au hasard d’une rencontre improbable au fin fond de la Russie. Cette histoire d’amour va se poursuivre pendant un demi-siècle sur le fond sociétal de la fin des années 50 jusqu’au début des années 2000.

Un peu comme ses romans historiques, Rufin raconte l’histoire d’un homme et d’une femme, dont la vie pourrait être connue du grand public, « mais que rien ne peut être compris sans entrer dans le détail du couple qu’ils ont formé ». L’écrivain peut alors développer librement leurs sentiments, leurs émotions, leurs joies et leurs déchirements, et mettre en scène des souvenirs intimes. « Il m’est apparu que l’histoire de ce couple était liée à ma propre histoire » (Postface)

Il apparaît évident que le roman de Jean-Christophe Rufin est inspiré de sa vie. Il s’est marié à quatre reprises, une fois avec une femme dont la mère était russe - justement, dans le livre, la femme du narrateur est la fille de Ludmilla - puis trois fois avec la même épouse d'origine éthiopienne. "Vous savez tout et vous ne savez rien quand on a dit ça. Quand on en reste aux chiffres, évidemment, c’est pittoresque", dit-il.

Mais c’est une vraie réflexion sur son vécu. "J’ai eu envie, à travers une fiction, d’expliquer comment un couple peut vivre des moments, des ruptures, des retrouvailles, des choses qui apparaissent incohérentes et qui, pourtant, obéissent à une certaine logique." 

Dans l'ouvrage, un garçon sauve une femme battue en l’épousant. « C’est très beau mais ce n’est pas vivable. Moi, j’ai un peu connu ça. J’ai rencontré ma femme dans des conditions de guerre. Je connais ces paradoxes du « sauveur », ça ne débouche pas sur grand-chose, il faut à un moment donné rebattre les cartes. Il faut se séparer. La séparation est un moment d’une histoire d’amour, ce n’est pas une rupture définitive », assure l'écrivain en s'appuyant sur sa propre expérience.

En dernière page, Rufin précise : « J’ai écrit avec un seul espoir : faire aimer ces êtres comme ils se sont aimés eux-mêmes et surtout les comprendre. Ce qui fait leur prix à mes yeux, c’est d’avoir dépassé la vision binaire du couple : soit fusionnel, soit déchiré. Et de s’être délivrés de la solution trop souvent choisie pour résoudre cette contradiction : le renoncement. Raconter l’histoire d’Edgar et Ludmilla, c’est d’abord la faire comprendre et accepter ».

Voici un extrait lu livre pages 43, 44 lorsque Edgar rencontre Ludmilla pour la seconde fois :

Lecture par Marie-Pierre (2’38 )Cliquer sur le lecteur ci-dessous


11. Conclusion

 Vous venez donc de voyager dans l’univers de Jean-Christophe Rufin, un homme aux mille vies, un auteur qui aime mêler sujets d’essais et romanesque…

Son actualité : en 2020, est sorti le 3ème volet de sa série diplomatico-policière LE FLAMBEUR DE LA CASPIENNEavec son consul loufoque et décalé Aurel Timescu, 3 livres que Jean-Christophe Rufin situe à part du reste de son œuvre et il écrit un roman sur la montagne qui sera publié en 2021. Jean-Christophe Rufin occupe la présidence de la fondation humanitaire Sanofi Espoir qui met en place des programmes sur les cancers de l’enfant, les vaccinations…

Ce cercle littéraire a été préparé par Marie-Pierre, Catherine, Elisabeth, Véronique et Christian, tous membres du club lecture.

Rendez-vous (en présentiel, nous l’espérons !) le jeudi 11 mars pour fêter ensemble à l’UTEL le Printemps des Poètes dont le thème en 2021 est :

                                LE DÉSIR !


12. Pour aller plus loin avec Rufin …

Nous espérons que cet aperçu de Jean-Christophe Rufin vous donnera l’envie de lire ses œuvres dont voici la liste : 

Essais :

  • Le Piège humanitaire – Quand l'humanitaire remplace la guerre ( Editions Jean-Claude Lattès, 1986, ASIN B0000EA631)
  • L'Empire et les Nouveaux Barbares  (Editions Jean-Claude Lattès, 1991,revu 2001 EAN 9782709623360)
  • La Dictature libérale (Editions Jean-Claude Lattès, 1994 EAN 97827096613361), prix Jean-Jacques-Rousseau 1994.
  • L'Aventure humanitaire (Gallimard, 1994, ISBN 207053247X)
  • Géopolitique de la faim – Faim et responsabilité ( Editions P.U.F, 2004, ISBN 9782130540403)

Romans, récits et nouvelles :

  • L'Abyssin (Gallimard, 1997, ISBN 9782070746526) – Prix Goncourt du premier roman.
  • Sauver Ispahan (Gallimard, 1998, ISBN 9782070753536)
  • Les Causes perdues (Gallimard, 1999, ISBN 9782070756092)prix Interallié 1999
  • Rouge Brésil (Gallimard, 2001, ISBN 9782070301672 ; en Folio n°3906 ISBN 9782070458059)prix Goncourt 2001 
  • Globalia (Gallimard, 2003, ISBN 9782070737992)
  • La Salamandre (Gallimard, 2005, ISBN 9782070774104)
  • Le Parfum d'Adam (Flammarion, 2007, ISBN 9782081201231)
  • Un léopard sur le garrot (Gallimard, 2008, ISBN 9782070782901)
  • Katiba (Flammarion, 2010, ISBN 9782081208179)
  • Sept histoires qui reviennent de loin ((Gallimard, 2011, ISBN 9782070134120)
  • Le Grand Cœur (Gallimard, 2012, ISBN 9782070119424 ; en Folio n°5696, ISBN 9782070456154)
  • Immortelle Randonnée : Compostelle malgré moi (Editions Guérin, 2013, ISBN 9782070134120 ; en Folio n°5833, ISBN 9782070455379)
  • Le Collier rouge (Gallimard, 2014, ISBN 9782070137978) - Prix Maurice-Genevoix - adapté au cinéma en 2018 par Jean Becker
  • Check-point (Gallimard, 2015, ISBN 9782070146413)
  • Le Tour du monde du roi Zibeline (Gallimard, 2017, ISBN 9782070178643)
  • Le Suspendu de Conakry (2018). (Flammarion, 2018, ISBN 9782081416932)
  • Les Sept Mariages d'Edgar et de Ludmilla (Gallimard, 2019, ISBN 978207274315)
  • Les Trois femmes du consul (Flammarion, 2019, ISBN 9782081420250)
  • Le flambeur de la caspienne (2020) (Flammarion, 2020, ISBN 9782081428478)

Jean-Christophe Rufin est aussi très disponible pour de nombreux interviews que vous pouvez retrouver facilement sur

internet. Par exemple, celui réalisé par Jean-Michel Djian sur France Culture le 8/12/2014 dans l’émission A voix

nue : (cliquer sur le lien pour être redirigé sur le site)

https://www.franceculture.fr/emissions/voix-nue/jean-christophe-rufin-15