J’ai une seule boussole, le bonheur que j’ai d’écrire…

                                                               Jean-Christophe Rufin

Mardi 13 octobre, nous avons eu le plaisir de nous retrouver autour des livres tout en gardant bien sûr nos distances et nos masques. Et d’abord Christian nous a présenté l’auteur Jean-Christophe Rufin dont nous avons au club lecture lu plusieurs romans et récits. Maintenant nous connaissons bien sa vie très dense et son œuvre littéraire si diversifiée…

Et voici les livres que nous avons lus en octobre :

LA COMMODE AUX TIROIRS DE COULEURS (2020): La chanteuse Olivia Ruiz a écrit ce premier roman captivant, joyeux et triste à la fois: À la mort de sa grand-mère, une jeune femme reçoit en héritage une intrigante commode, objet de tous les fantasmes de ses petits-enfants. Le temps d’une nuit, la narratrice va ouvrir les neuf tiroirs de couleurs du meuble et dérouler le fil de la vie de Rita, révélant ses nombreux secrets. Chaque tiroir confie un souvenir, un pan de son histoire. Grâce à cette commode, la jeune femme va découvrir ses origines et construire son identité. (M.Christine)

RIVAGES DE LA COLÈRE de Caroline Laurent (2020): Un drame historique méconnu au cœur de l’océan indien qui a beaucoup intéressé Michèle et Catherine. En mars 1967, Marie-Pierre Ladouceur vit aux Chagos, un archipel rattaché à l’île Maurice. Elle fait la connaissance de Gabriel, un mauricien venu seconder l’administrateur colonial. Quelques mois plus tard, l’île Maurice accède à l’indépendance après 158 ans de domination britannique. Peu à peu le quotidien bascule jusqu’à ce jour où des soldats convoquent les Chagossiens sur la plage. Ils ont une heure pour quitter leur terre, tout abandonner et pour quelle raison et pour aller où ? Après le déchirement viendront la colère et la révolte…

FILLE de Camille Laurens (2020): À travers ce roman drôle au ton juste, l’écrivaine nous montre la place de la femme dans les années 60 et comment en se battant, elle a pu évoluer. À l’époque, pas de compte bancaire pour la femme, ni la possibilité de faire un chèque et l’obligation de demander l’autorisation de son mari pour travailler… On suit la vie de Laurence née en 1959, fille, femme… (Henriette)

LA FEMME AU MANTEAU VIOLET de Clarisse Sabard (2020): À la suite d’un accident, Jo apprend qu’elle risque d’avoir une rupture d’anévrisme. Persuadée qu’elle va mourir, elle rend visite à son grand-père Victor et découvre qu’il a reçu il y a 15 ans un bijou avec pour seul message « de la part de Charlotte qui n’a jamais oublié Gabriel…». Jo décide alors d’aider son grand-père à percer ce secret de famille. Coup de cœur pour ce roman tendre et captivant qui traverse les générations et qui interroge sur la maternité dans la vie de la femme, une fresque historique et familiale où les personnages féminins sont pleins de courage et de ténacité. (Régine)

ON NE TOUCHE PAS de Ketty Rouf (2020): Joséphine est professeur de philo dans un lycée à Drancy. Non satisfaite de son travail et de sa vie et pour sortir de la morosité, elle s’inscrit à des cours « d’effeuillage » une fois par semaine le vendredi soir. Elle devient bientôt Rose Lee et se produit tous les soirs dans un club de strip-tease des Champs-Élysées, menant une double vie, le jour, la nuit. L’auteure est comme son héroïne diplômée de philosophie, a enseigné à Paris tout en prenant des cours de danse classique. Dans ce roman, Ketty Rouf parle de l’image de la femme, de l’estime de soi, du besoin de se sentir libre et de s’affranchir des contraintes sociales et du désir de se réconcilier avec son corps. (Henriette)

LA CLÉ DU CŒUR de Kathryn Hugues (2019): En 2006, une journaliste veut faire un reportage sur les asiles psychiatriques en Angleterre dans la première moitié du XXème siècle. Elle choisit celui d’Ambergate, près de chez elle, qui est en plein délabrement et ouvert. Là, elle va trouver de vieilles valises ayant appartenu aux malades internés, découvrir des documents et comprendre que son père n’est pas étranger à certaines choses arrivées dans cet asile… Outre cette intrigue, ce livre est bien documenté sur les traitements de l’époque en psychiatrie notamment les électrochocs qui vous donnent des frissons à la lecture… (Francelyse)

DE SI BELLES FIANÇAILLES de Mary Higgings Clark et Alafair Burke (2018). Françoise a aimé ce roman à suspense: depuis ses fiançailles, Laurie Moran, l’enquêtrice star de l’émission Suspicion, nage en plein conte de fées, mariage et lune de miel prévus à l’été prochain. C’est sans compter avec sa nouvelle enquête qui risque de bouleverser ses projets. Un couple vient en effet de la solliciter pour rouvrir un dossier vieux de cinq ans : le meurtre jamais élucidé de leur fils, assassiné devant sa résidence. Principale suspecte, la femme du défunt que ses beaux-parents accusent du crime et qui s’en défend. Mais quels secrets cache donc cette famille modèle ?

LE DIMANCHE DES MÈRES (2017) Les anglicistes Elisabeth et Henriette ont lu ce beau roman de Graham Swift : Angleterre 30 mars 1924, comme chaque année, les aristocrates donnent congé à leurs domestiques le temps d’un dimanche pour qu’ils aillent rendre visite à leur mère. Jane la jeune femme de chambre des Niven est orpheline et se trouve donc désoeuvrée. Comment va-t-elle occuper son dimanche ? Des années plus tard, Jane se remémore cette journée unique où son destin a basculé… Un beau portrait de femme dans l’ambiance d’une époque d’après-guerre et d’un monde aristocratique révolus.

LES OUBLIÉS DU DIMANCHE de Valérie Perrin (2015): Justine, 21 ans, vit chez ses grands-parents avec son cousin Jules depuis la mort accidentelle de leurs parents respectifs. Justine se passionne pour la vie d’Hélène, pensionnaire presque centenaire de la maison de retraite où elle est aide-soignante. La vie d’Hélène est un roman, sa rencontre avec Lucien, leur amour, la guerre, le juif Simon planqué dans la cave, la trahison, la Gestapo, la déportation. Justine note dans un carnet tous les secrets de la vieille dame qui passe ses jours à attendre celui qui n’existe plus que dans sa tête… Grâce à Hélène, Justine finira elle aussi par affronter les secrets de sa propre famille et elle découvrira l’amour avec un grand A. (M. Christine)

SAUVE-TOI LA VIE T’APPELLE (2012): un récit autobiographique du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, qui dans son enfance a vécu des épisodes tragiques. Plus tard, il va se rendre compte que pour se protéger de toutes ses peurs et douleurs, sa mémoire a transformé beaucoup d’événements…

CADRES NOIRS (2010): Christian a lu ce thriller psychologique machiavélique de Pierre Lemaitre adapté pour la télévision sous le titre Dérapages. Alain Delambre est un cadre de 57 ans qui cherche désespérément à retrouver du travail après 4 ans de chômage. Après avoir subi des petits boulots à la limite de la dignité, il se voit offrir une dernière chance de retrouver sa place dans la société et redorer son image au sein de sa famille aimée. Il va alors entamer une intense préparation pour obtenir ce job, dont la dernière épreuve de sélection consiste à évaluer des cadres lors d’une prise d’otages simulée ! Un scénario haletant où chaque page tournée amène un nouveau rebondissement jusqu’au dénouement final.

LE LISEUR de Bernhard Schlink (1995): Michaël, un jeune homme de 15 ans rencontre par hasard une femme de 35 ans dont il devient l’amant. Hanna est peu expansive mais lui demande de lui faire la lecture. Ainsi chaque jour un rituel s’installe entre eux : la lecture avant de faire l’amour. Et puis un jour elle disparaît sans laisser de traces. Sept ans plus tard, Michaël assiste au procès d’Hanna, jugée pour crime. Quel est donc le secret de cette femme prête à se laisser accuser? (Christian)

Si tout va bien, le club lecture se réunira le mardi 24 novembre à 14 h15 à la chapelle des Sœurs noires. Nous espérons vivement pouvoir organiser notre cercle littéraire le jeudi 3 décembre pour faire connaître l’auteur contemporain Jean-Christophe Rufin, sa vie et son oeuvre sur lesquelles nous avons beaucoup travaillé.

Bonnes lectures à tous et prenons toujours bien soin de nous!

                                                                                                       Véronique

 

Biographie de Jean-Christophe Rufin

Né à Bourges le 28 juin 1952, et élevé par ses grands-parents.

Médecin hospitalier en 1976

Pionnier de Médecins Sans Frontières et président d’Action Contre La Faim

Ambassadeur de France

Académicien et auteur d’une vingtaine de romans et essais

 

Au club lecture, nous connaissons surtout l’écrivain, Jean-Christophe Rufin, mais cet hyperactif s’est passionné tout au long de sa vie pour de multiples activités avec un appétit aussi intense que vite rassasié. Il dit : « Je suis venu à la littérature par la médecine, mais ce fut par un long détour de l’engagement humanitaire, des voyages et de l’action politique.»

Né d’un père vétérinaire et d’une mère publicitaire qui se séparent rapidement, il est élevé à Bourges par ses grands-parents. Le petit Jean-Christophe vit mal cet abandon. Son grand-père, ancien déporté pour faits de résistance, est médecin, mais selon l’écrivain, c’est la première transplantation cardiaque réalisée en 1967 par le professeur Barnard qui décide de sa vocation.

A Paris, il suit des études aux lycées Janson-de-Sailly et Claude-Bernard, puis à la faculté de médecine. En 1975, il est reçu au concours d'internat de La Pitié-Salpêtrière. Il poursuit une carrière de médecin en neurologie aux hôpitaux de Paris jusqu’en 1996, en alternance avec des missions humanitaires.

En effet dès 1976, il effectue une première mission en Érythrée. Il est l’un des pionniers du mouvement humanitaire avec Bernard Kouchner, et Claude Malhuret de Médecins sans frontières, dont il est quelques années Vice-président. Il sera aussi Président de l’ONG Action Contre la Faim, administrateur de la Croix-Rouge française, et cette année Président de la Fondation d’Entreprise Sanofi Espoir, dont le but est de réduire les inégalités en santé pour les populations les plus vulnérables.

En parallèle il obtient en 1980, le diplôme del'Institut d’Etudes Politiques de Paris. Il est successivement conseiller du secrétaire d'État aux Droits de l'homme, Claude Malhuret, du ministre de la Défense François Léotard, attaché culturel au Brésil et Ambassadeur de France au Sénégal.

En 1997, il sort son premier roman L’Abyssin qui connaît un grand succès. Ce roman raconte l’ambassade d’un jeune médecin, Jean-Baptiste Poncet, envoyé par Louis XIV pour soigner le Négus d’Ethiopie et qui ayant découvert une nouvelle civilisation, fera tout pour que ce pays reste libre et authentique. Rufin a choisi de prendre un médecin comme héros, car son métier lui fait approcher tous les milieux sociaux, ce qui permet d'introduire de nombreux personnages dans l'intrigue. Il intègre au personnage principal, ses expériences personnelles en tant que militant de Médecins sans Frontières en Ethiopie, et d’attaché culturel au Brésil. « L’abyssin racontait une vie que j’aurais pu vivre »

Cette reconnaissance, en tant qu’écrivain, l’amène à abandonner son poste de médecin hospitalier et à poursuivre dans la voie de l’écriture. Après avoir reçu de nombreux prix littéraires, il est élu à l’Académie française en 2008 où il occupe le fauteuil d’Henri Troyat. Il est aussi officier de la Légion d’honneur.

Son roman Rouge Brésil décroche le Goncourt en 2001. Il raconte la tentative de colonisation du Brésil par les Français au XVIème siècle. Parmi l’expédition figurent deux adolescents, Just et Colombe, qui serviront de « truchements », destinés à apprendre la langue des « sauvages » afin de devenir des interprètes et intermédiaires avec les tribus indiennes. Rufin aime, à partir d’un fait historique relativement peu connu, utiliser toute la puissance de l’imaginaire pour faire vivre ses personnages. Surtout il introduit le thème qui l’obsède entre tous : celui de la première rencontre entre des civilisations différentes, l’instant de la découverte qui contient en germe toutes les passions et tous les malentendus à naître.

En 2019 Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla raconte l’histoire de deux êtres incroyables, fantasques et terriblement attachants qui comme dit Jean-Christophe Rufin dans le prologue se sont bien amusés tout au long de leur vie.

Ils se sont aussi beaucoup aimés, au point de se marier sept fois mais qui sous-tend qu’ils ont divorcé six fois. En dernière page, J-C.R précise : « J’ai écrit avec un seul espoir : faire aimer ces êtres comme ils se sont aimés eux-mêmes et surtout les comprendre. »

Dire que ce roman est inspiré de sa vie privée qu’il qualifie lui-même de « pittoresque », est une évidence. Après avoir épousé Irène Commeau, d’origine Russe, dont il aura un fils Maurice, il rencontre en Érythrée Azeb Gebreyes, une Éthiopienne d'une grande famille qu’il épouse à trois reprises, avec deux divorces à la clé. Il aura deux filles, Gabrielle et Valentine. Azeb Rufin est maintenant son agent littéraire, ainsi que celui de Sylvain Tesson, grand ami de la famille..

Passionné d’alpinisme, Jean-Christophe Rufin réside principalement à Saint-Nicolas-de-Véroce dans le massif du Mont-Blanc, dans une ancienne grange reconstruite. C’est là qu’il a notamment écrit Immortelle randonnée- Compostelle malgré moi, le récit de son voyage à pied de huit cent kilomètres :

Galerie de portraits savoureux, Rufin fait dans l’autodérision : « Très vite le Chemin m’a remis les pieds sur terre, ramené à l’humilité de l’anonymat. »

Réduire l’œuvre de Jean-Christophe Rufin à ces quelques livres, ou au Collier Rouge, adapté en film, serait une erreur, tant son talent s’adapte aussi bien aux romans historiques, aux romans d'anticipation, au genre policier, et à des essais sur l’humanitaire ou la politique. C’est cette diversité et la complexité de cet écrivain qui a intéressé nombre d’entre nous au club lecture.

Essais :

• Le Piège humanitaire – Quand l'humanitaire remplace la guerre (1986)
• L'Empire et les Nouveaux Barbares  (1991, revu 2001)
• La Dictature libérale (1994), prix Jean-Jacques-Rousseau 1994.
• L'Aventure humanitaire (1994)
• Géopolitique de la faim – Faim et responsabilité (2004)

Romans, récits et nouvelles :

• L'Abyssin (1997) – Prix Goncourt du premier roman.
• Sauver Ispahan 1998)
• Les Causes perdues (1999) – prix Interallié 1999
• Rouge Brésil (2001) – prix Goncourt 2001 
• Globalia (2003)
• La Salamandre (2005)
• Le Parfum d'Adam (2007)
• Un léopard sur le garrot (2008)
• Katiba (2010)
• Sept histoires qui reviennent de loin (2011)
• Le Grand Cœur (2012)
• Immortelle Randonnée : Compostelle malgré moi (2013)
• Le Collier rouge (2014), adapté au cinéma en 2018 par Jean Becker
• Check-point (2015)
• Le Tour du monde du roi Zibeline (2017)
• Le Suspendu de Conakry (2018).
• Les Sept Mariages d'Edgar et de Ludmilla (2019)
• Les Trois femmes du consul (2019)
• Le flambeur de la caspienne (2020)