CR du club lecture du 28 avril 2020

Le monde semble entamer une longue sieste…     Angèle B.

Ce mois-ci, les lectrices et lecteurs du club sont plus nombreux à avoir lu. Leurs lectures sont diversifiées, leurs livres sont contemporains ou plus classiques. Lire et découvrir des nouveautés, lire et redécouvrir des pépites oubliées sur nos étagères nous apportent tout autant de plaisir :

SE LE DIRE ENFIN d’Agnès Ledig (2020): De retour de vacances, sur le parvis d’une gare, Edouard laisse derrière lui sa femme et sa valise. Un départ sans préméditation. Une vieille romancière anglaise en est le déclic, la forêt de Brocéliande le refuge. Là, dans une chambre d’hôtes entourée d’arbres centenaires, encore hagard de son geste insensé, Edouard va rencontrer Gaëlle la douce, son fils Gauvain enfermé dans le silence d’un terrible secret, Adèle jeune femme aussi mystérieuse qu’une légende et Platon le chat philosophe. Il va surtout y retrouver sa raison d’être. Michèle a aimé lire ce roman à l’atmosphère étrange, rempli de chaleur humaine, d’entraide et de personnages attachants.

LES FLEURS DE L’OMBRE (2020): Françoise a lu ce dernier roman de Tatiana de Rosnay : l’action se situe dans un Paris désert, dévasté par des attentats. La tour Eiffel s’est écroulée et est remplacée par un hologramme. La romancière Clarissa Katsef quitte son mari, le croyant infidèle et cherche un appartement. Elle est admise dans une résidence de luxe pour artistes CASA. Mais vite, elle y éprouve un certain malaise : une voix virtuelle l’interpelle souvent, elle a le sentiment d’être observée, surveillée continuellement, tout est réglé par des robots. Clarissa a-t-elle raison de se méfier ou cède-t-elle à la paranoïa? Ce livre nous plonge dans un futur oppressant, il montre tout ce qui pourrait nous arriver dans notre quotidien, dans notre manière de vivre avec l’intelligence artificielle. Le père de Tatiana de Rosnay brillant scientifique et prospectiviste l’a peut-être inspirée.

LE PHILOSOPHE QUI N’ETAIT PAS SAGE de Laurent Gounelle (2014): Patricia a écouté ce roman audio : Sandro un brillant professeur de philosophie est dévasté depuis le décès de sa femme. Celle-ci, une journaliste qui faisait un reportage sur une tribu indienne en Amazonie, a été victime d’un étrange rituel qui aurait conduit à sa mort. Depuis lors, Sandro n’a qu’une idée : se venger. Aidé par trois mercenaires, il veut détruire cette tribu paisible en lui apportant tous les méfaits de la société occidentale individualiste. Mais la rencontre de ces deux systèmes de sociétés différentes obligera le lecteur à s’interroger sur ce qui est réellement essentiel dans la vie.

NOUS VIVONS UNE EPOQUE FORMIDABLE de Nicolas Ungemuth (2019): Nous vivons une époque formidable ! Ce n’est pas moi qui le dis mais l’auteur de ce livre, recueil de ses rubriques hebdomadaires dans un magazine d’actualité. Il dépeint notre société du XXIème siècle « à côté de la plaque» et ne se prive pas de coups de griffes à l’encontre de la maire de Paris et de ceux qui veulent faire la pluie et le beau temps dans les hautes sphères et les médias. C’est amusant, provocateur, parfois un peu fastidieux à lire d’une traite. Mieux vaut l’avoir à portée de main et de temps en temps y faire un tour au hasard des pages. Sûr qu’on en lira plusieurs… Francelyse

EN ATTENDANT BOJANGLES d’Olivier Bourdeaut 2016: Christian a lu cette histoire d’amour fou, entre un père, un tantinet dandy à l’humour décalé et une mère, au comportement excentrique et carrément loufoque, à laquelle assiste leur petit garçon. Ils vivent dans un tourbillon de fêtes, de rires, entourés d’amis et surtout en dansant sur la chanson de Nina Simone Mr Bojangles. Une vie de folie tout simplement. Et quand les réalités de la vie les rattrapent, ils arrivent à les repousser en-dehors de leur monde. Alors la danse reprend de plus belle jusqu’au sublime, jusqu’à la fin.

Des lectrices et lecteurs se sont plongés dans des romans plus anciens : Marie-Pierre et Catherine ont relu l’auteur autrichien Stefan Zweig :

LE VOYAGE DANS LE PASSÉ (1929): c’est une très belle nouvelle de 100 pages. C’est l’histoire d’un amour impossible, des retrouvailles inabouties entre un homme et une femme qui se sont aimés mais que la vie a séparés. Il semble que Zweig ait voulu répondre à sa manière à la grande question : l’amour résiste-t-il à tout, à l’usure du temps, à la trahison, à une guerre mondiale (la 1ère) ? On retrouve les thèmes de prédilection de l’écrivain l’amour bien sûr, la passion exclusive, le dévouement, le traumatisme de la Grande Guerre. On y retrouve aussi son génie de la psychologie, son art de suggérer dans un geste, un regard, les tourments intérieurs, les arrière-pensées, les abîmes de l’inconscient. Si le récit est centré sur Louis jeune héros balzacien quelque peu germanisé, le personnage le plus intéressant reste celui de la bien-aimée qui, elle, n’a pas de prénom. Elle fait penser à Mme Arnoux de l’Education sentimentale en plus émouvante car elle est d’une générosité absolue. Le Voyage dans le passé est un magnifique portrait de femme. (Marie-Pierre)

VINGT-QUATRE HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME, nouvelle parue en 1927: Eté 1904, sur la Riviera, au Grand Hôtel et dans sa pension attenante, Mme Henriette, respectable épouse et mère de famille, s’est enfuie avec un jeune inconnu récemment arrivé à l’hôtel. Face à l’opprobre des autres pensionnaires, seul le narrateur soutient « qu’une femme, à maintes heures de sa vie, peut être livrée à des puissances mystérieuses plus fortes que sa volonté et son intelligence ». La réaction de ce narrateur va inciter Mme C., une vieille dame anglaise pleine de distinction, à lui révéler un épisode de sa vie qui fait écho à la fuite de Mme Henriette. Vingt ans plus tôt, ce sont les mains d’un joueur au Casino de Monte Carlo qui l’ont fascinée. C’est parce qu’elle a peur que le jeune joueur ne se suicide qu’elle va le suivre. La peur, la bienveillance pour ce jeune homme à peine plus âgé que son fils qu’elle pense pouvoir sauver de cette passion du jeu, vont se transformer en amour fou, puis en désillusion et en honte. Stefan Zweig décrit donc deux passions différentes et en souligne leurs points communs : une force imprévisible, une pulsion animale, une perte totale de contrôle. Ce qui m’a particulièrement intéressée c’est la description de la passion qui frappe au hasard et qui saisit cette aristocrate d’une quarantaine d’années jusque-là garante de toutes les conventions sociales de son milieu. (Catherine)

A L’OUEST RIEN DE NOUVEAU d’Erich Maria Remarque (1929): L’écrivain a connu la 1ère guerre mondiale dès l’âge de 18 ans. Il y raconte en termes simples et précis la vie d’un soldat allemand sur le front en France, les terreurs et la stupidité de la guerre. Cet ouvrage nous place directement sous le feu, dans la glaise des tranchées, sans pour autant verser dans le pathos. Parfois le calme apparent est propice à la réflexion. Erich Maria Remarque nous décrit le désarroi de sa classe d’âge, plus enfant et pas encore adulte, dont cette guerre a pour jamais détruit les certitudes. Ce livre universel, plus pacifiste qu’antimilitariste, a très vite été interdit par les Nazis et l’auteur inquiété, déchu de sa nationalité allemande. Il aurait dû interpeller les assoiffés de pouvoir; malheureusement, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, rien de nouveau. (Christian)

UN DE BAUMUGNES de Jean Giono (1929): Pascal a beaucoup apprécié ce petit roman de Giono: C’est un enchantement qui m’a transporté dans le sud, là où le soleil et la sécheresse font la loi, là où les hommes sont durs au mal, parlent peu et sous une carcasse épaisse laissent parfois leur cœur s’exprimer. Amédée, brave saisonnier, se rend à la buvette du Piémont et remarque Albin, grand et beau jeune homme désabusé qui vient des montagnes de Baumugnes. Mis en confiance, Albin parle beaucoup. Il est amoureux fou d’une fille Angèle. Malheureusement Angèle séduite par un vaurien et entraînée par celui-ci est devenue une fille de mauvaise vie. Comble de malheur, elle a donné naissance à un enfant dont elle ne connaît pas le père. Amédée, homme bon qui peut-être voit en Albin le fils qu’il n’aura jamais, va l’aider à retrouver la jeune femme. En 1934, Marcel Pagnol adapte le roman et réalise le film Angèle en prenant quelques libertés. Ce sera le début d’une très longue brouille entre les deux hommes, Giono se sentant trahi.

Des livres plus glaçants et sombres ont été aussi lus:

UN COUPLE IRREPROCHABLE d’Alafair Burke (2019): Henriette a lu ce thriller : Angela, une femme discrète, son mari Jason, un homme brillant et très médiatique et leur fils de 13 ans forment une famille unie. Leur bonheur va se lézarder quand Jason est accusé d’harcèlement et de viol par deux jeunes femmes. Malgré tout, Angela choisit d’épauler et de soutenir son mari. La disparition de l’une des jeunes femmes va donner une autre dimension à l’affaire. Tandis que la presse s’empare de l’histoire, Angela est tiraillée entre honte, doute et besoin de préserver un sombre secret. Eléments donnés avec parcimonie, son scandale à lui, son secret à elle, un roman haletant.

DIEU PARDONNE, MOI PAS de Claude-Michel Rome (2020): c’est un thriller politique glaçant qui nous plonge dans la société corrompue du monde de la finance et même du Vatican. Il faut entrer dans ce roman et au fur et à mesure l’intrigue très rythmée nous donne envie de poursuivre et de connaître la fin de cette enquête. Nous vivons hélas dans ce monde de corruption… (Régine)

TOUTES BLESSENT, LA DERNIERE TUE de Karine Giebel (2018): Henriette a rencontré dans une librairie de Maubeuge l’auteure Karine Giebel qui écrit toujours des polars à partir de faits réels qu’on ne dévoile pas. Dans ce roman de plus de 700 pages, deux histoires sont racontées, la destinée de Tama esclave dans une famille française d’aujourd’hui et l’histoire de Gabriel un homme mystérieux, dangereux qui a rencontré une jeune femme blessée et amnésique. On essaie de trouver ce qui unit ces deux récits aux liens d’abord flous. Le titre fait référence au poème de Théophile Gauthier L’Horloge : Chaque heure fait sa plaie et la dernière achève.

LA MARQUE DE WINDFIELD de Ken Follett (1993): l’histoire commence en 1866. Quelques collégiens décident de braver les interdits en allant se baigner. Cette escapade tournera au drame puisque l’un des collégiens se noiera. Devenus adultes, certains d’entre eux se livreront une guerre sans pitié. Tous les coups pour accéder au pouvoir, à la richesse seront permis. Avec ce livre, nous entrons dans l’aristocratie anglaise, dans les coups bas, les lâchetés, les manipulations et même le meurtre. Le roman est sombre, certains personnages plutôt antipathiques, mais Ken Follett sait raconter une histoire et nous tenir en haleine. Un livre difficile à lâcher avant la fin. (Pascal)

Nous nous retrouverons sur le site de l’UTEL pour de nouvelles lectures le 26 mai.

D’ici là, prenez soin de vous et soyez très vigilants pour vous-mêmes et pour les autres.

Belles lectures à tous, Véronique

Les participants présentent des livres qu'ils ont lus et qui les ont séduits ou intéressés, en font un bref résumé et exposent leurs appréciations. Au gré de chacun, les livres sont prêtés à l'un ou à l'autre. Ces échanges permettent naturellement la communication et une meilleure diffusion des œuvres qui le méritent.

Le quatrième mardi du mois à 14h30 - Chapelle des Soeurs Noires

Responsable : Mme Véronique Lefebvre

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