« Saint Exupéry et le Petit Prince »
Une oeuvre hors du temps et de l'espace, éternelle, que Mme Luce Stiers nous a relu avec la larme à l'oeil et une grande émotion qu'elle nous a fait partager.
En voici une copie. Venez vous y ressourcer.
Luce Stiers, cette Roséenne qui agite sa plume et romance l’histoire de la région
La Voix du Nord
Publié le 10/02/2013
Par MARIE DELATTRE
Rabelais a ses faveurs. Ghelderode est son guide carnavalesque. Elle adore Flaubert pour ses beaux mots. Balzac aussi, pour les intrigues qui se nouent sous sa plume acérée. Luce Stiers est une mangeuse d’hommes… de lettres. Lorsqu’elle-même n’est pas affairée à la rédaction de quelque ouvrage. Affamée de romans historiques, la Roséenne se délecte d’anecdotes régionales qu’elle arrange à sa sauce. Celle de «Carnavals», son dernier bouquin, est fantastique.
Elle est née un 22 février. « En plein carnaval!» Faut-il y voir un clin d’œil à son tout nouveau livre? En fait, non. Luce ne sait pas bien dire pourquoi elle a eu envie de camper ses décors à Rio, Dunkerque, Venise ou Binche. Sûrement Michel de Ghelderode – sa muse flamande et littéraire – qui lui a soufflé l’idée. « Il a une façon d’écrire flamboyante, ses textes sont sonores, savoureux. J’y tiens beaucoup… C’est un solitaire qui vocifère tout le temps! » Elle non plus n’hésite pas à râler, lorsque quelque chose lui déplaît. Directe. Des yeux malicieux. Des écrits très imagés. Le style Stiers.
Luce est une bohème qui a pas mal bourlingué avant de revenir sur sa terre natale, à Rousies. « J’ai toujours vécu avec un pied en France et l’autre en Belgique », s’amuse-t-elle. Ado, elle en pince pour le théâtre, la poésie. Tout juste adulte, elle file à Paris. Des années galère sur lesquelles la retraitée ne s’étend pas et qui se concluent, heureusement, par un coup de foudre. « J’ai rencontré quelqu’un qui travaillait dans le coton. Je suis partie comme une aventurière avec lui. » Au Tchad, pendant sept ans. Lorsqu’elle rentre en France, la Roséenne a 35 ans et l’envie impérieuse de retourner sur les bancs de la faculté parisienne, étudier les lettres. La voie royale débouche tout droit sur un poste de professeur de français dans l’académie de Versailles. Le corps est à Paris, mais la tête reste tournée vers le Nord.
Ce train qui la ramenait trois week-ends par mois à Rousies, d’ailleurs, Luce ne l’a jamais oublié. Des souvenirs et un attachement vivaces à sa région, qui la poussent, à la mort de son père, à demander sa mutation pour Maubeuge. Son cartable sous le bras, elle décroche un poste au lycée Lurçat. Luce ne le quitte qu’à la retraite, après des années passées à enseigner les belles lettres à ses étudiants. À leur transmettre sa passion du théâtre, aussi.
Dans ses cartons de prof sommeille son premier recueil de poèmes. Sous sa plume de jeune retraitée, les mutineries célèbres refont surface, plus de deux siècles après. Le petit tambour de la République, roman historique, fait l’unanimité. « Celui que j’ai le plus vendu. » Le premier d’une longue série, car Madame est prolixe. C’est qu’à force de pratique, elle dompte bien mieux l’ordinateur. Carnavals fraîchement imprimé, Luce boucle déjà un sixième bouquin. Le passage de Napoléon à Avesnes-sur-Helpe, sur la route de Waterloo. Ensuite, elle se penchera sur l’existence de Talleyrand. Seulement après, elle songera à prendre une connexion Internet. Plus branchée par les révolutions du XVIIIe que par celle du web, la Luce.