Lire c’est voir le monde par 1000 regards… Serge Joncour

Mardi 26 mars en ce bel après-midi printanier, nous nous sommes retrouvés dans la chapelle des Sœurs noires et nous avons fait ce que nous aimons le plus aux réunions du club lecture : c’est-à-dire présenter nos lectures du mois aux autres et en discuter ensemble. Et voici nos livres coups de coeur du mois de mars :

LA DERNIÈRE ALLUMETTE de Marie Vareille (2024) : comment des enfants confrontés à la violence familiale se construisent-ils ? C’est ce qu’aborde l’autrice Marie Vareille dans ce roman avec ses deux personnages Gabriel et Abigaëlle, frère et soeur devenus adultes. Abigaëlle s’inquiète pour Gabriel quand celui-ci rencontre la solaire Zoé, va-t-il reproduire dans son couple la violence de leur père envers leur mère ?
LA SENTENCE de Louise Erdrich, prix Femina du roman étranger 2023 : 60 ans de prison, c’est une lourde sentence aux USA pour Tookie l’amérindienne, impliquée dans une affaire de vol de cadavre sur fond de trafic de stupéfiants. Mais le mot anglais « sentence » a deux sens : sentence et phrase. Et c’est cette deuxième définition que Tookie va choisir quand en prison, elle reçoit son premier livre, un dictionnaire et quand elle sort de prison, après une libération conditionnelle en travaillant dans une librairie. Louise Erdrich nous parle dans ce roman de la culture et des souffrances de son peuple dévasté par la colonisation : les Amérindiens.
LE CIEL OUVERT de Nicolas Mathieu (2024) : voici un écrit en forme de journal intime posté sur Instagram, un ensemble de réflexions d’un homme d’aujourd’hui : un père, un homme séparé, un fils, un homme amoureux, un auteur sur les routes, qui affirme son existence malgré tout : De ce monde, de cette vie, de ce temps, je veux ma terrible part. Rien n’y fera. Comme chez Christian Bobin, on aimerait lire beaucoup de passages de ce livre à voix haute. Les dessins d’Aline Zalko illuminent ce très beau texte de Nicolas Mathieu.
HEUREUX LES FÊLÉS CAR ILS LAISSENT PASSER LA LUMIÈRE de Raphaëlle Giordano (2023) : Henriette est décoratrice d’intérieur et Auguste est architecte d’extérieur paysagiste. Ils se retrouvent tous les deux sur un chantier commandé par une dame bourgeoise souffrant de solitude. Henriette a du talent mais elle doute beaucoup d’elle-même, anxieuse, hypersensible et très fatigable, elle donne le change en se sur-adaptant aux autres. La collaboration avec Auguste, ambitieux, charismatique et, à première vue, imbuvable va la perturber. Mais dans ce livre, chacun a ses fêlures… Raphaëlle Giordano décortique dans ce roman les peurs et les angoisses de manière humoristique afin de décomplexer.
LES ARMES DE LA LUMIÈRE de Ken Follett (2023) : Il est question dans ce roman de deux révolutions, l’une se passant en France et la deuxième se déroulant en Angleterre, la révolution industrielle.
ARCHIVES DU NORD de Marguerite Yourcenar (1977) : Marguerite Yourcenar de son vrai nom Marguerite de Crayencour est née à Bruxelles en 1903. Pendant 9 ans, elle va vivre dans le château familial situé au Mont Noir en Flandre française. En 1939, elle émigre aux USA et prend la nationalité américaine. Elle y meurt en 1987. En 1977, l’écrivaine publie Archives du Nord, second tome de sa généalogie, consacré ici à son ascendance paternelle. Elle se base sur des écrits de famille qu’elle a patiemment recherchés. C’est un beau témoignage sur une famille à la Belle Époque, dans une Flandre française, qui parle encore flamand, mais fréquente la haute bourgeoisie lilloise.
LES PAYS de Marie-Hélène Lafon (2012) : Claire, fille de paysans du Cantal, est née dans un monde qui disparaît. Son père le répète depuis son enfance : ils sont les derniers. Très tôt, elle comprend que le salut viendra des études et des livres. Elle s’engage donc dans ce travail avec énergie et acharnement. Grâce à la bourse obtenue, elle monte à Paris et étudie à la Sorbonne. Elle n’oubliera rien du pays premier, tout en apprenant la ville où elle fera sa vie. Ce livre raconte ces années de passage.  
LE SAGOUIN l’une des dernières œuvres de François Mauriac publiée en 1951 : pour devenir baronne, Paule, la fille du maire de Bordeaux, a épousé Galéas de Cernès, un homme laid et dégénéré. Mais la mère de Galéas garde au château le titre de baronne.  Galéas et Paule ont un fils disgracieux et arriéré : le sagouin. Cet enfant rejeté par sa mère et délaissé par son père trouve refuge auprès de sa grand-mère et de la cuisinière, l’autrichienne Fraülein. Le livre débute sur une tentative de la baronne auprès de l’instituteur laïc pour qu’il donne des cours à l’enfant. L’instituteur va-t-il accepter et ainsi donner une chance au sagouin d’exister ? Mais dans ce climat lourd de haine et de suspicion, le drame n’est jamais loin…
Notre prochaine réunion aura lieu mardi 16 avril à 14 heures. Mais en attendant, les 6 et 7 avril prochain aura lieu à la Porte de Mons le troisième Printemps littéraire de Maubeuge où l’on pourra rencontrer des écrivains.
Bonnes lectures printanières, Véronique