L’imposante stature de Charlemagne plane sans fin sur une Europe en quête d’unité, héros de légende sorti de la sombre forêt germanique, il s’imprègne de la chaude lumière de Rome et de la légitimité sacrée pontificale.
Enfermant sa mère, bousculant Aquitains et Bavarois, il rompt avec la politique traditionnelle des Francs pour réaliser la synthèse entre le nord et le sud de son immense royaume.
La réalisation s’appuie sur une force armée d’intervention rapide contre les Saxons, les Slaves et les musulmans d’Al-Andalus et combine l’esprit de méthode du droit et de la gestion administrative pour asseoir un projet de paix et de sécurité pour une société chrétienne, inspiré de St. Augustin.
La mise en œuvre repose sur une solide équipe de conseillers : Fulrad, le diplomate ; Chrodegang, le liturgiste ; Alcuin, le maître d’école et Angilbert, l’éternel et fidèle compagnon.
La dynamique de groupe est celle de la jeunesse et de femmes cultivées et séduisantes.
Le cadre est celui du somptueux palais d’Aix-la-Chapelle avec les marbres italiens, les mosaïques de Byzance et les étonnants cadeaux d’Haroun-al-Rashid, l’art des bains et d’un savoir vivre mesuré à l’aune de la bonne bière houblonnée.
Les embûches furent nombreuses : un état de guerre de trente ans en Saxe, les complots des aristocraties attachées au passé, y compris au sein du palais, les hérésies, les malversations et détournements de fonds publics, les famines et épidémies, enfin les dernières années sont assombries par les décès successifs des héritiers.
Tout cela conduit Charlemagne à ce questionnement angoissé récurrent : « Sommes-nous vraiment chrétien ? » et laisse son entourage surpris par sa mort le 28 janvier 814.
Jean Heuclin.