La littérature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer…

Roland Barthes

Mardi 27 juin après-midi s’est tenue notre dernière réunion de la saison
2022/2023. Durant cette séance, Christian nous a fait connaître l’auteur Xavier-
Marie Bonnot qui viendra le jeudi 23 novembre à l’UTEL évoquer son métier
d’écrivain et ses livres lors d’un prochain cercle littéraire. Nous avons aussi
parlé longuement de nos coups de cœur du mois de juin, en voici la liste :

UNE VIE HEUREUSE de Ginette Kolinka et Marion Ruggieri (2023) : Ginette
Kolinka se définit comme une femme simple, non intellectuelle, qui a survécu
dans les camps de concentration parce qu’elle se débrouillait et obéissait sans
se poser de questions. À son retour, elle reprend une vie normale et, pendant
50 ans ne parle jamais de la Shoah. Veuve au début des années 2000, elle se
met à témoigner dans les établissements scolaires et le fait encore aujourd’hui
sans relâche à l’âge de 98 ans. Elle évoque dans ce livre sa vie malgré tout
heureuse avec les siens dans l’appartement familial parisien qu’elle n’a jamais
cessé d’habiter.
HAUTECLAIRE de Dominique Delplace (2023) : Camille découvre le domaine
d’Hauteclaire, vieille et vaste propriété familiale abandonnée depuis de
nombreuses années et située au cœur du Berry, terre de magie et de
sorcellerie. Avec son mari Alexandre, artiste peintre en mal d’inspiration et
Charlotte, la fille d’Alexandre dite « la Terrible », elle s’installe à Hauteclaire et
est confrontée au fur et à mesure de son séjour à d’étranges événements…
Secrets cachés ou fruit de son imagination, quelle est la vérité ?
LE BÂTARD DE NAZARETH (2023) : l’auteur Metin Arditi est un écrivain suisse
francophone né en Turquie et juif séfarade. Ce roman, au titre provocateur,
propose une fiction sur la vie de Jésus. Il ignore le côté spirituel et religieux
pour se concentrer sur le côté humain. Et tout part du titre, car Jésus a été
conçu hors mariage, et il est donc un bâtard, un mamzer pour les juifs de son
époque. Cette religion exclut les bâtards, les prostituées, les estropiés, les
sourds, les aveugles, les malades. Ayant ressenti très tôt cette injustice, Jésus
va partir en croisade pour essayer de réformer la religion juive en remettant au
centre les écrits qui parlent de tolérance et d’amour de son prochain. Cette
façon de revisiter la vie de Jésus est originale, même si on en connaît la fin.
C’est aussi un texte très actuel sur l’inclusion au sens large.

PRENDRE LA VIE COMME ELLE VIENT de Carène Ponte (2023) : le jour où son
mari Aymeric est victime d’un grave accident de voiture, Alice voit sa vie
s’écrouler. Face à l’incertitude du destin, elle va devoir s’adapter aux épreuves
qui croiseront sa route. Et se réinventer, pour que l’espoir triomphe…
COMME UN SOLDE DE TOUT COMPTE de C.Deroubaix : la découverte du corps
du directeur financier de APLA, une société implantée à la frontière franco-
belge dans la petite ville de Mauguez, va réveiller des drames anciens ou
révéler des pratiques douteuses. Le commandant Vermeulen et le lieutenant
Froissart se trouvent confrontés à des problématiques qu’ils n’avaient pas
imaginées. Arriveront-ils à faire toute la lumière sur cette affaire ? Plus qu’une
intrigue policière classique, c’est un polar social qui nous est servi, avec ses
lieux communs si réalistes, son lot d’invraisemblances, une bonne dose
d’humour et d’autodérision et quelques touches de surréalisme qui donnent
tout son sens à cette histoire. Nous encourageons cet écrivain amateur bien
connu du club lecture à poursuivre son travail si intéressant d’écriture.
LES MÉMOIRES d’UN CHAT de Hiro Arikawa (publié en 2017 en France) : un
changement dans la vie de Satoru fait qu’il doit se séparer de Nana, son chat
adoré. Débute alors une série de voyages chez des amis d’enfance, aux quatre
coins du Japon, pour lui trouver un nouveau foyer…
SE LE DIRE ENFIN d’Agnès Ledig (2021) : de retour de vacances, sur le parvis
d’une gare, Edouard laisse derrière lui sa femme et sa valise. Un départ sans
préméditation. Une vieille romancière anglaise en est le déclic, la forêt de
Brocéliande, le refuge. Là, dans une chambre d’hôtes environnée d’arbres
centenaires, il va faire la rencontre de personnages curieux et attachants. S’il
cherche dans cette nature puissante les raisons de son départ, Edouard va
surtout y retrouver sa raison d’être…
LA BANQUISE (1998) : un très bon roman écrit par l’écrivain Jean-Pierre
Chabrol qui mérite d’être (re)découvert. Arrivée très jeune dans un petit village
des Cévennes où tout le monde se méfie plus ou moins de tout le monde,
Clémence va réussir, petit à petit, à se faire accepter et respecter. Ne se
laissant jamais abattre, dotée d’un très fort caractère, Clémence deviendra la
buraliste du village. Les hommes de sa vie, son père, ses frères, ses maris
seront toujours pour elle source de problèmes. Pourtant elle aura un fils qu’elle
chérira et elle rencontrera l’amour en la personne d’un bel officier cultivé et
attentionné. Mais les ragots, les rumeurs et la fin de la guerre dans cette région
en 1944 ne vont pas l’épargner…

CHAGRIN D’ÉCOLE (Prix Renaudot 2007) : dans ce joyeux essai teinté
d’autobiographie, Daniel Pennac raconte son parcours scolaire difficile puisqu’il
était en grandes difficultés dans ses études. Tant bien que mal, il réussit
cependant à être professeur de lettres et trouve des méthodes pédagogiques
originales pour intéresser et faire progresser ses élèves en français, lui qui
toute sa scolarité a été un cancre. Et pour rester encore un peu avec Daniel
Pennac, voici la quatrième de couverture de son essai de 1992 COMME UN
ROMAN qui nous a fait sourire au club lecture :
Quels sont les droits imprescriptibles du lecteur ?
1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n’importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n’importe où.
8. Le droit de grapiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

Notre club lecture se réunira le mardi 26 septembre à 14h à la chapelle des
Sœurs noires pour une nouvelle saison de lectures 2023-2024, d’ici là bonnes
vacances pour tous et prenons le temps de respirer avec les livres… À bientôt !
Véronique

Biographie de Xavier-Marie Bonnot

 

Né le 7 décembre 1962 à Marseille, Xavier-Marie Bonnot est écrivain et réalisateur français.

Passionné d'histoire, il fait des études de lettres modernes et d’histoire jusqu’au doctorat. Il suit une formation de reporter-journaliste qui l'amène tout naturellement à la réalisation de films documentaires et de reportages dans divers domaines, dont la plupart ont été diffusés sur les grandes chaînes françaises.

Plus tard, il commence par écrire en faisant dans le genre policier très noir. En 2002, son premier roman La Première empreinte remporte le Prix des Marseillais et sera traduit dans une demi-douzaine de langues. Un étrange homme de croc-magnon semble surgir de la caverne de Sugiton pour assassiner des spécialistes de la pré-histoire.

En 2004, La Bête du marais. Viennent ensuite La Voix du loup (2006) et Les Âmes sans nom (2008)

En février 2011, paraît un nouveau roman, Le Pays oublié du temps, qui gagne le prix Plume de cristal du festival international du film policier de Liège. Il nous fait voyager en Nouvelle-Calédonie en nous faisant découvrir les arts premiers.

En 2013, Premier Homme. Une enquête sur un meurtrier qui sèment des indices préhistoriques, vieille connaissance ressurgie de son premier livre.

Les romans noirs de Xavier-Marie Bonnot allient des enquêtes fouillées à la pure fiction romanesque. Si chaque roman est indépendant, un personnage revient dans plusieurs livres : Michel de Palma alias le Baron, flic idéaliste, atypique et grand amateur de musique classique et d'opéra (l'une des passions de l'auteur qui a été élève au conservatoire national supérieur de région de Marseille). Michel de Palma est régulièrement cité parmi les meilleurs enquêteurs.

Les romans noirs de Xavier-Marie Bonnot se situent dans des univers rarement visités par le genre policier. Que ce soit la préhistoire, l'opéra, le druidisme ou les arts premiers, l’auteur porte un regard sans concession sur la société, la violence et les angoisses sociales qui la travaillent. Il analyse à travers des plongées dans l’histoire, souvent sur le mode d’allers-retours entre présent et passé, le crime sous ses formes les plus enfouies, mais toujours en humaniste.

Xavier-Marie Bonnot a aussi écrit des nouvelles: Les Sorciers (2003), La Perle noire (2004)

En 2015, La Dame de pierre (une intrigue de famille) puis La Vallée des ombres (2016), sont deux romans noirs qui abordent des sujets tels que l'homophobie et les désillusions d'une génération née des années 1980.

Le sang des nègres (2015) évoque la répression sanglante de manifestations en 1967 en Guadeloupe.

En 2017, il publie Le Dernier violon de Ménuhin, Au-delà d’une ode à la musique et au violon, c’est une plongée au cœur d’une région reculée de France, pleine de mystères dans laquelle l’ancien maestro revoit sa vie défilée.

En 2018, Le Tombeau d'Apollinaire obtient le Prix du roman historique décerné par les Rendez-vous de l'histoire de Blois. Dans l'horreur des tranchées, un jeune homme qui dessine ce qu'il voit se lie d'amitié avec Apollinaire qui écrit des poèmes surréalistes.

L'enfant et le dictateur (2018) sur la politique nataliste du dictateur roumain Ceaușescu.

Nefertari dream (2021) : choc de civilisation entre un archéologue à la recherche du passé et une population actuelle croulant sous le joug d'une dictature.

Les vagues reviennent toujours au rivage (2021) nouvelle enquête policière autour des migrants de Méditerranée.

Berlin Requiem (2021) retrace l'histoire du grand chef allemand Wilhem Furtwängler, à partir de 1932, lorsqu'il est pris dans le piège de la propagande nazi.

Ses derniers livres sont des romans historiques très documentés mêlés à de la fiction. L'auteur évoque à chaque fois des thématiques toujours d'actualité : La guerre, le fanatisme politique ou religieux, les migrants avec une perspective sur l'art, la littérature et surtout la musique. Il nous fait réfléchir à chaque fois sur les tourments de l’âme.