Futurs cercles littéraires

L’adaptation de livres à l’écran
Les livres comme Le temps des secrets de Marcel Pagnol, Là où chantent les
écrevisses de Delia Owens, Maigret et la jeune morte et Les volets verts de
Georges Simenon, Couleurs de l’incendie de Pierre Lemaitre, Vous n’aurez pas
ma haine d’Antoine Leiris, … Tous ces livres ont un point commun en 2022.
Lequel ? Ils ont tous été adaptés au cinéma cette année.


C’est vrai que le cinéma emprunte beaucoup et a toujours beaucoup emprunté
à la littérature parce que dans la mesure où le 7ème Art raconte des histoires,
qu’il a du succès et qu’il faut donc produire beaucoup, c’est plus rapide d’aller
puiser dans les bibliothèques que de faire travailler des scénaristes pendant
des semaines. Aujourd’hui en France, près d’un film sur cinq est le fruit d’une
adaptation littéraire française ou étrangère.
Mais les lectrices et lecteurs, qui en lisant se font leur propre film dans leur
tête, que pensent-ils de l’adaptation littéraire quand de lecteurs ils
deviennent spectateurs ? Lors du cercle littéraire du 17 novembre, des
témoignages de lecteurs-spectateurs, des infos, des quizz ont permis de mieux
connaître le monde de l’adaptation littéraire et d’exprimer son point de vue sur
le sujet. 7 volontaires du club lecture ou apparentés au club lecture ont
travaillé sur ce thème :
Isabelle a parlé du livre Les Hauts de Hurlevent d’Emily Bronte (1847) et de son
adaptation au cinéma en 1992 par Peter Kosminsky.
Pascal a choisi le livre psychologique de Georges Simenon Le chat (1967)
adapté à l’écran en 1970 par le réalisateur Pierre Granier-Deferre et et le co-
scénariste Pascal Jardin.
Elisabeth a évoqué le prix Goncourt de 1975 La vie devant soi d’Emile Ajar
(alias Romain Gary) et adapté par Moshé Mizrahi en 1977.
Christian a donné son avis sur le livre de Philippe Claudel, prix Renaudot 2003
Les âmes grises et son adaptation par Yves Angelo en 2005, ainsi que sur le
roman policier de Patricia Highsmith Mr Ripley (1956) et du film très connu qui
lui correspond, réalisé par René clément en 1960 Plein soleil.
Marie-Pierre a comparé le film de Nicole Garcia en 2016 Mal de pierres et le
livre écrit 10 ans plus tôt par l’écrivaine italienne Milena Angus.
Véronique a présenté le prix Goncourt 2013 Au revoir là-haut de Pierre
Lemaitre et son adaptation filmique réalisée par Albert Dupontel en 2017.

Et Marie-Christine a parlé du roman En attendant Bojangles d’Olivier
bourdeaut (2016) adapté en 2021 par Régis Roinsard.
Et voici quelques informations pour en savoir plus sur l’adaptation littéraire à
l’écran :
Comment adapte-t-on un livre à l’écran ?
Il faut d’abord savoir si le livre qu’on veut adapter à l’écran est protégé ou non :
En France, une œuvre littéraire est protégée par les droits d’auteur toute la
vie de l’auteur et 70 ans après sa mort. Ensuite l’œuvre devient libre de droits
et tombe dans le domaine public, c’est-à-dire qu’on peut alors l’adapter sans
demander d’autorisation et sans payer.
Mais quand l’auteur bénéficie encore des droits d’auteur (c’est-à-dire, s’il est
vivant ou si les 70 ans post-mortem ne sont pas écoulés), il faut négocier. La
négociation se fait entre un auteur (son héritier), son éditeur (lorsque l’auteur
a cédé ses droits d’auteur au moment d’être édité) et un producteur, un
réalisateur.
Ainsi une demande est faite à l’auteur édité (est-ce qu’on pourrait adapter
votre livre en film ?) ou bien une proposition est faite au producteur ou au
réalisateur (est-ce que le sujet de mon livre vous intéresse pour le cinéma ?). Si
les parties sont intéressées, on passe d’abord un contrat d’option pour
l’adaptation audiovisuelle du livre, un contrat qui est déjà payant : le
producteur a 1 an ou 1 an et demi pour réunir une équipe (scénariste,
réalisateur, acteurs) et trouver un financement, personne d’autre n’a le droit
de chercher à adapter le livre pendant ce temps. Quand tout est trouvé,
l’option peut être levée et on signe alors un contrat de cession des droits pour
une somme souvent importante (en moyenne le montant de la transaction
peut varier entre 45000 et 200000 euros). Le livre dont les droits ont été cédés
peut alors être adapté à l’écran, on peut le modifier... Cependant, l’écrivain
peut lire la version définitive du scénario même s’il n’a pas collaboré à
l’adaptation, il peut y apporter des commentaires, des conseils et demander
des modifications. Le producteur, le réalisateur peuvent ou non en tenir
compte. Si l’écrivain trouve que le film dénature son livre, il peut demander à
ce que son nom soit enlevé du générique ou que la formule : très librement
adapté … soit ajoutée. Dans tous les cas, l’adaptation d’un livre rapporte des
gains à l’écrivain, même si le film ne marche pas.

Quel est le premier livre français adapté au cinéma ? : Le 1 er livre
adapté remonte au début du cinéma avec Georges Méliès. Georges Méliès a
adapté le roman que Jules Verne a écrit en 1865 De la terre à la lune (un livre
de plus de 250 pages) et il a réalisé ainsi le 1er film de science-fiction de
l’histoire du cinéma en 1902 : Le voyage dans la lune, un court-métrage de 14
minutes. Ce film a remporté un succès mondial. Méliès a écrit le scénario,
réalisé le film et y a même été acteur. Transposer 250 pages en 14 minutes à
l’écran constitue la première trahison manifeste d’adaptation. Shakespeare a
aussi été adapté à de nombreuses reprises à l’époque du cinéma muet.
Aujourd’hui, on adapte des œuvres littéraires très narratives (romans,
nouvelles), de la littérature jeunesse, des BD, des enquêtes, des biographies ou
des autobiographies.
A propos du travail de l’écrivain, du réalisateur et du scénariste :
L’écrivain est solitaire quand il écrit, il fait un travail de création personnelle
tandis qu’un réalisateur n’est jamais seul, il doit convaincre des gens
(producteur, scénariste, acteurs), il travaille avec une équipe et s’appuie sur les
compétences des membres de cette équipe.
L’écrivain construit une atmosphère dans son livre et il laisse au lecteur la
liberté d’imaginer (par exemple le lecteur imagine le physique des
personnages, les décors …), l’écrivain raconte l’histoire avec ses propres mots,
il décrit aussi les sentiments des personnages, tandis que le réalisateur prend
des libertés avec l’œuvre écrite, il impose sa propre vision de l’œuvre. Il
raconte avec des images. Il est très précis, tous les éléments sont pensés, la
météo, les décors, les costumes, les lumières, les prises de vue, la musique. Les
acteurs choisis et dirigés imposent leurs visages à l’écran. Même les voix
intérieures des héros sont transformées à l’écran en actions (gestes et
comportements) ou avec des voix off (voix d’un personnage ou d’un narrateur
qui explique ou s’exprime sans être visible à l’écran).
Un point commun entre l’écrivain et le réalisateur, c’est qu’ils travaillent par
séquences et par scènes, c’est-à-dire avec des mini-histoires structurées qui
s’enchaînent pour former un récit cohérent et rythmé.
Et si le réalisateur n’écrit pas lui-même le scénario du film, il fait appel à un
scénariste dont c’est la tâche de réécrire l’histoire du livre de façon
cinématographique.
A propos de Georges Simenon :

Georges Simenon est l’un des auteurs les plus adaptés à l’écran, son univers
noir et ses intrigues policières ont beaucoup inspiré le grand et le petit écran.
Plus de 180 adaptations de ses romans ont été réalisées en France. On se
souvient des enquêtes du célèbre commissaire à la pipe, adaptées à la
télévision de 1967 à 1990 avec le fameux commissaire Maigret incarné plus de
80 fois par Jean Richard et à partir de 1991 incarné par Bruno Crémer dans des
enquêtes menées dans l’univers des années 50. En 2022, le roman Maigret et la
jeune morte est adapté par Patrice Leconte, le film s’appelle Maigret avec G.
Depardieu. On peut dire aussi que le polar est un genre très adapté à l’écran.
Et si on allait voir du côté des livres, des lecteurs et des auteurs ? Les lecteurs
constatent que l’adaptation à l’écran n’est jamais identique au livre, la façon de
raconter est différente et nous remarquons les changements faits par le
réalisateur et le scénariste pour les besoins du film, ne serait-ce que pour
condenser l’histoire : par exemple un autre contexte au niveau de l’époque et
du lieu, la modification de la trame, l’évolution ou la suppression de
personnages, l’esprit du film est différent de l’esprit du livre, l’adoption d’un
autre point de vue, la fin modifiée, le rajout ou la suppression de dialogues, la
musique. Et cela nous surprend.
De plus, dans un film, les images nous montrent immédiatement les gestes, les
émotions et les attitudes des personnages, en proposant une perception
globale (vue et ouïe) qui remplace les mots, les phrases du récit écrit et on ne
peut plus imaginer comme on le fait en lisant. D’ailleurs certains écrivains s’en
sont plaints : Flaubert qui ne connaissait pas encore à son époque le cinéma et
qui voulait protéger son personnage Emma Bovary disait :« jamais moi vivant,
on ne m’illustrera… Une femme dessinée ressemble à une femme voilà tout…
tandis qu’une femme écrite fait rêver à mille femmes ». Simone de Beauvoir a
écrit : L’adaptation d’un roman est presque toujours regrettable, la
photographie arrête ma rêverie ». Marguerite Duras a donné son avis même s’il
lui est arrivé de travailler pour le cinéma : le cinéma arrête le texte, frappe de
mort sa descendance : l’imaginaire. C’est là sa vertu même : de fermer,
d’arrêter l’imaginaire. Cet arrêt, cette fermeture s’appelle le film. Bon ou
mauvais, sublime ou exécrable, le film représente cet arrêt définitif : la fixation
de la représentation une fois pour toutes et pour toujours.
D’autres écrivains pensent que l’adaptation doit être nécessairement autre
que le livre comme Julien Gracq le disait : pour qu’un roman devienne un très
bon film, il faut que le film soit autre chose. Il s’agit de chercher une sorte

d’équivalent mais qui ne se limite pas à la simple transposition visuelle. Oui,
adapter un livre à l’écran, ce n’est pas une simple traduction de mots en
images. C’est une nouvelle façon de raconter en suivant les codes
cinématographiques.
Et plusieurs auteurs trouvent une satisfaction dans l’adaptation de leurs livres :
une reconnaissance accrue grâce au cinéma, un enrichissement en cédant leurs
droits d’auteurs et en revendant leurs livres en librairie après la sortie du film
au cinéma. Les écrivains fans de l’adaptation pensent qu’en adaptant leurs
livres, on donne un nouveau souffle à leur œuvre par l’image, le visuel,
l’incarnation et quelques écrivains se sont même transformés en cinéastes.
Et si on allait voir du côté des films ?
Claude Lelouch a dit : 100000 exemplaires vendus pour un livre, c’est un
triomphe, 100000 entrées pour un film c’est un désastre.
Des livres sont difficiles à adapter comme l’œuvre de Marcel Proust : les
réalisateurs Losey, Visconti ont échoué, seul Raoul Ruiz avec son film Le temps
retrouvé a réussi à adapter l’écriture incroyable de Proust.
Des livres par contre sont plusieurs fois adaptés de différentes façons avec
plus ou moins de succès : Les Misérables, Mme Bovary, Les liaisons
dangereuses…
Des films très réussis éclipsent les livres tant ils leur sont supérieurs :
Le film Le Parrain de Francis Ford Coppola éclipse le livre originel de Mario
Puzo.
Le livre autobiographique Le second souffle de Philippe Pozzo Di Borgo s’efface
devant son adaptation : le film Intouchables.
Vertigo le film d’Alfred Hitchcock dépasse grandement et écarte le livre très
moyen de Boileau-Narcejac intitulé Entre les morts.
Des films subliment les livres dont ils sont tirés et pourtant ils les trahissent :
C’est le cas du film Shining de Stanley Kubrick dont l’adaptation très réussie va
fâcher énormément l’auteur Stephen King.
Le film Le nom de la rose de Jean-Jacques Annaud porte haut le livre originel
d’Umberto Ecco.

Le livre très abouti de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres dont l’action se
situe en Afrique fin du XIXème siècle sera adapté au cinéma par Francis Ford
Coppola de façon magistrale avec son film Apocalypse now qui, lui, se passe au
Vietnam fin des années 60, le film très décalé par rapport au livre reste
pourtant dans l’esprit du livre et c’est un chef-d’œuvre.
L’adaptation cinématographique ouvre le livre à un public plus élargi, pousse à
lire ou relire le roman et relance les ventes d’un livre car on voit même des
éditeurs republier les livres avec une nouvelle couverture inspirée de l’affiche
du film.
Quand l’écrivain participe à l’adaptation :
L’écrivain peut collaborer à l’adaptation d’un film de différentes façons :
Il peut conseiller le réalisateur comme Annie Ernaux, prix Nobel de littérature :
elle explique qu’elle a lu les scénarios adaptés de ses livres : Passion simple ou
L’événement et a donné seulement quelques conseils et des encouragements
aux réalisatrices. Elle ne veut en aucun cas imposer sa vision.
L’écrivain peut écrire le scénario : Après 2017, l’écrivain Pierre Lemaitre a écrit
des scénarios pour l’adaptation de ses livres : comme pour la série Dérapages
à la télévision (tiré de son roman Cadres noirs), aussi pour le film Trois jours et
une vie, ou dernièrement pour le film Couleurs de l’incendie réalisé par Clovis
Cornillac. Jean Cocteau a adapté aussi en 1950 son livre Les Enfants terribles
avec le réalisateur Jean-Pierre Melville.
L’écrivain peut réaliser son propre film : Certains écrivains grisés par leur
succès littéraire et pour que le film reste fidèle à leur livre réalisent l’adaptation
de leurs propres romans avec des succès plus ou moins contrastés comme
l’écrivain David Foenkinos qui, avec l’aide de son frère, réalise avec succès
l’adaptation de La délicatesse ou Michel Houellebecq qui adapte son livre La
possibilité d’une île, mais le film n’est pas un succès au box-office.
Certains écrivains adaptent au cinéma le livre des autres : par exemple Marcel
Pagnol dès 1934 adapte et produit les histoires de Giono comme Angèle (tiré
du livre Un de Baumugnes) Regain ou La Femme du boulanger (tiré du roman
Jean Le Bleu). Giono n’en sera jamais satisfait. L’auteur Emmanuel Carrère avec
son film Ouistreham adapte l’essai de Florence Aubenas Le quai de Ouistreham
et essuie quelques critiques, Marc Dugain adapte avec succès le livre de
Chantal Thomas L’échange des princesses.

D’autres écrivains choisissent d’écrire uniquement un scénario pour un film
sans écrire de livre originel. C’est le cas de l’écrivaine Marguerite Duras qui
collabore en 1959 avec le réalisateur Alain Resnais en écrivant les dialogues et
le scénario du film Hiroshima mon amour. Et récemment l’auteur Tanguy Viel a
écrit spécialement le scénario du film L’innocent réalisé par Louis Garel. Pas
facile pour lui, lui qui dans ses livres n’écrit aucun dialogue, il a dû en inventer
pour le cinéma.
Adapter à l’écran en films ou en séries à épisodes ?
Comme L’amie prodigieuse, Dérapages, Vernon Subutex et La vérité sur l’affaire
Harry Québert, des réalisateurs préfèrent l’adaptation de livres en série à
épisodes, pourquoi ? parce que le réalisateur a plus de temps pour développer
l’histoire, le temps donné est allongé (7 ou 8 heures), l’histoire n’est donc pas
condensée comme dans un film de 2 heures.
La série plus longue permet alors une adaptation plus fidèle au livre, mais elle
peut aussi dépasser l’œuvre littéraire originale car sur plusieurs saisons on peut
pousser l’histoire plus loin : Par exemple La servante écarlate dont la première
saison est fidèle au livre de Barbara Atwood, voit dans les saisons suivantes,
son histoire prolongée et inventée par des scénaristes. Certaines séries
peuvent se situer en amont de l’histoire du livre (ce procédé narratif s’appelle
le préquel) comme la série Hannibal où l’histoire du héros Hannibal Lecter se
situe bien avant le roman de Thomas Harris (Dragon rouge) ou bien comme la
série Les anneaux du pouvoir qui se situent aussi avant l’action du Seigneur des
anneaux de Tolkien.
D’autres réalisateurs de séries choisissent de changer leur héros comme Lupin
et Sherlock, ils changent les lieux, les époques et situent l’action dans le monde
contemporain pour parler des problèmes d’aujourd’hui, changeant ainsi les
histoires de Maurice Leblanc et d’Arthur Conan Doyle. La série télévisée
Germinal en 2021 restait, elle, fidèle à l’histoire de Zola mais adoptait un angle
contemporain qui résonnait avec les questions socio-économiques actuelles et
certains mouvements contestataires.
Donc la série à la télévision ou sur les plateformes numériques est le lieu d’un
temps plus long dans lequel la narration peut être fidèle au livre ou peut
s’épanouir en de nouveaux récits. Mais attention à ne pas lasser le spectateur !
Conclusion :

Depuis l’avènement du cinéma, la littérature et l’écran ont tissé des liens forts :
on sait que la littérature inspire le cinéma qui puise largement dans ses œuvres
écrites, mais le cinéma influence-t-il la littérature ? Aujourd’hui la nouvelle
génération d’écrivains cinéphile et habituée aux images met plus de rythme
dans ses intrigues et l’écriture de certains auteurs devient plus visuelle.
Pourtant les écrivains affirment tous qu’ils n'écrivent pas pour être adaptés à
l’écran.
Mais on sait qu’aujourd’hui l’adaptation représente un marché commercial :
alors attention au danger que des éditeurs ne publient que des romans
transposables au cinéma ou en séries télévisées comme on le voit faire de plus
en plus aux USA.… Enfin pour conclure, nous qui sommes lecteurs, nous
pensons qu’une adaptation idéale serait le fruit d’une collaboration étroite
entre un écrivain-scénariste et un bon réalisateur. Véronique

Prochains cercles littéraires :
Mardi 31 janvier 2023 : Christian Motte organisera une après-midi de lectures
Jeudi 23 mars : un conteur viendra enchanter nos oreilles !
Jeudi 23 novembre : étude d’un auteur

 

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