"Il pleut dans la maison"

 

« Il pleut dans la maison »

Ciné-discussion le jeudi 27 juin 2024 à Ociné Maubeuge

 

 

« Il pleut dans la maison » est un film belge sorti en avril 2024 et réalisé par Paloma Sermon-DaÏ, une cinéaste née il y a 30 ans à Namur, et dont c’est le premier long métrage de fiction. Le film, tourné sur le site du lac de l’Eau d’Heure, relate un été de galère pour deux adolescents, Purdey Lombet (17 ans) et Makenzy Lombet (15 ans), sœur et frère dans le film comme dans la vraie vie. Le film a été récompensé par le jury de la Semaine de la Critique à Cannes ainsi que par un jury belge.

Dans cette famille, le père semble n’avoir jamais existé. La mère Leïla, sous le coup de ses addictions, en particulier l’alcoolisme, s’en va et on ne sait si, ni quand, elle reviendra. Les deux jeunes sont livrés à eux-mêmes, dans cette masure héritée de la grand-mère dans laquelle les fenêtres ne sont plus étanches. Il pleut dans la maison comme il pleut dans les cœurs.

Le film explore la période de l’adolescence dans un milieu marqué par la pauvreté. Au fur et à mesure de son déroulement, on suit la manière dont les deux jeunes se débrouillent pour faire face la situation. Purdey trouve un travail intérimaire d’été comme femme de ménage dans les bungalows de la base de loisirs. Elle espère être embauchée à temps partiel et renonce pour cela aux études d’infirmière qu’elle envisageait. Makenzy flâne sur les berges du lac et s’en prend aux touristes : il chaparde un vélo et le revend ; il agresse violemment un jeune qu’il ressent comme privilégié. Pour le moment, il réussit à ne pas se faire prendre…

Ce qui frappe, c’est la solitude des deux jeunes. Il n’existe pas vraiment d’entourage qui leur donnerait les clés pour une insertion réussie dans la société. Purdey a un petit ami, la relation est compliquée. Makenzy se fâche avec son unique copain. Quel est leur avenir ? Vont-ils réussir à s’en sortir ? Face à l’adversité, les institutions sont dramatiquement absentes : système scolaire, organismes sociaux, associations d’insertion…

Les avis sont partagés. Certains spectateurs ne voient aucune perspective. Ils imaginent Purdey, confrontée au besoin de gagner de l’argent, tomber dans la prostitution ou à tout le moins abandonnant toute formation professionnalisante. Ils craignent que Makenzy ne finisse à la case prison. D’autres sont moins pessimistes. Certes la situation exposée dans le film est très lourde mais il existe des points forts comme l’amour fraternel qui lie les deux jeunes et la volonté d’émancipation de Purdey. Cela sera-t-il suffisant ? La fin du film ouvre une fenêtre sur l’avenir mais il n’est pas dit laquelle.

                                                                                   Cécile Sobieski-Dehon