Jeudi 2 mars 2017 - A la rencontre de la romancière Annie Degroote

 

"Le théâtre est ma passion, écrire est un besoin …" -  Annie Degroote

Jeudi 2 mars 2017, nous étions 11 membres du club lecture, mais nous fûmes bien plus à la Chapelle des Sœurs Noires à venir écouter l’auteure Annie Degroote lors de sa conférence.

Deux jours avant, notre groupe de lecteurs avait revisité l’univers de cette romancière, native du nord, en évoquant certains de ses livres et en préparant quelques questions. Mais, nous voulions la voir en vrai ! Et nous ne fûmes pas déçus ! Quel plaisir pour des lectrices et des lecteurs de rencontrer en chair et en os « un artisan des Lettres » qui illumine de ses yeux clairs et son sourire chaleureux cet après-midi de début mars !

Voici donc le parcours d’Annie Degroote : du théâtre au roman…

Annie Degroote est née dans notre région, dans les Flandres françaises, à Hazebrouck. Sa mère a été une personne importante dans sa vie car elle lui a donné le goût du théâtre et des histoires. Après son bac, Annie Degroote suit des études à l’Université et au conservatoire d’art dramatique de Lille. Puis, elle part à Paris se former pour être comédienne. Elle jouera au théâtre des classiques, des fictions pour la TV , le cinéma. Elle sera metteure en scène, créera des spectacles pour la jeunesse, sera responsable d’ateliers de théâtre et d’écriture. Puis un jour, elle collabore à un scénario qui n’aboutit pas mais se dessine à ce moment- là sa première héroïne Renelde. Son ami Rony Coutteure la pousse alors à écrire. Elle publie donc en 1994 son premier roman La Kermesse du diable, livre pour lequel elle obtiendra quatre prix. Et commence ainsi sa carrière de romancière…

A ce jour, Annie Degroote a écrit quinze romans et son seizième livre ( c’est un scoop !) sortira en septembre 2017 et se passera dans le Nord. Dans ses ouvrages, l’écrivaine aime rendre un hommage littéraire et historique à sa terre natale, La Flandre. Par deux fois, cependant, elle a fait un détour par la Russie, pays qui la touche aussi. Elle écrit des romans depuis plus de vingt ans maintenant. Déjà enfant, elle aimait écrire et raconter, déguisée, des histoires à sa famille et, au théâtre (son premier mode d’expression), les personnages historiques l’ont toujours attirée. Nostalgique du passé, mais non passéiste, elle s’est naturellement tournée dans l’écriture vers les romans historiques. Ainsi dans ses livres, l’auteure s’attache à faire revivre sa région à travers son Histoire, ses traditions, ses habitants, à une époque donnée sans pourtant se spécialiser dans un siècle. Nos ancêtres étaient courageux et très créatifs, nous dit- elle…

Le roman historique selon Annie Degroote :

Annie Degroote pourrait écrire des biographies de personnages célèbres ou des livres d’Histoire mais cela ne l’intéresse pas. Elle a, en effet, un tempérament très romanesque et une imagination féconde. Dans ses romans, ainsi, elle peut conserver une part de liberté sur les choses et les personnages. Mais ce n’est pas si simple de composer un roman historique, c’est même très périlleux ! nous confie-t-elle. Il convient d’allier des faits avérés (l’Histoire) à de la fiction, du rêve (le romanesque). Pour cela, il faut s’appuyer sur une riche documentation vraie et en même temps, laisser courir son imagination pour l’intrigue tout en faisant preuve de rigueur historique et tout en respectant le lecteur : tout doit être plausible dans un roman historique ! Quand l’historien s’en tient aux faits, le romancier va plus loin : il cherche à montrer comment vit le personnage historique, comment il se situe dans l’époque, comment est son environnement.

Donc, le roman historique, assez dénigré autrefois et aujourd’hui un peu plus réhabilité, n’est pas un genre facile pour l’écrivain mais ce type de livres donne un nouvel éclairage sur une période , un personnage connu, en permettant de mieux s’approprier l’Histoire de façon plus vivante, plus ludique. Et il aiguise la curiosité puisqu’il pousse le lecteur à chercher à en savoir davantage sur les faits passés.

Annie Degroote nous parle de son roman D’infinies promesses :

Infinies Promesses

Cet ouvrage est le prolongement du livre Les Racines du temps : en effet, l’enlumineuse Insbette toujours présente est la mère de Naëlle, la jeune héroïne de l’histoire. L’action se situe au 15ème siècle au temps de la Toison d’Or. Philippe III de Bourgogne ( qu’on appellera après sa mort Philippe le Bon) épouse en troisièmes noces Isabelle du Portugal à Bruges, c’est le mariage du siècle ! Naëlle , quinze ans, qui assiste aux festivités, tombe amoureuse du noble chevalier Thibault, c’est un coup de foudre ! Mais il est déjà marié, alors vont-ils réussir à s’aimer ? Séparés, ils se reverront grâce à Nicolas, le frère de la jeune fille, verrier, qui refait les vitraux du château de Thibault. Le bel amoureux aidera aussi Naëlle à retrouver son neveu Aubin, enfant muré dans sa différence. Et malgré les menaces et la trahison qui planent sur son chevalier, Naëlle gardera toute confiance en lui jusqu’au dénouement qui vient après moult rebondissements.

Par le biais de ce roman, Annie Degroote nous explique son métier d’écrivain et illustre sa démarche historique :

Au départ il y a l’intention de l’auteure : la romancière avait envie de traiter cette période du 15 ème siècle, elle désirait parler de Philippe le Bon et de la Toison d’Or.

Pour cela, il faut se documenter : Annie Degroote s’est informée et a réuni une solide documentation sur le sujet ( elle a créé des fiches sur chaque personnage historique et a constitué des pochettes thématiques dans lesquelles elle puise ses infos). On sent très bien à la conférence, à travers son discours captivant, qu’elle connaît bien cette époque flamboyante du 15ème siècle et a aimé étudier la vie et la personnalité de Philippe III duc de Bourgogne.

Ensuite, bien cerner le personnage historique : L’écrivaine nous campe à merveille ce grand seigneur qu’est Philippe le Bon : assuré, très malin, strict, vengeur et paradoxalement généreux, sensible, émotif, affectueux et européen avant l’heure , il a favorisé en effet la paix et la fin de la Guerre de 100 ans par le traité d’Arras. Il a décidé de reconstituer la chevalerie de l’Ordre de la Toison d’Or pour sa propre protection mais aussi pour venger l’assassinat de son père Jean sans Peur.

Vient enfin la fiction : Après avoir bien étudié la période et le personnage historique, Annie Degroote peut imaginer « la petite histoire », l’intrigue et les personnages fictifs. Ceux-ci évoluent tous dans l’époque. Certains aident à mieux comprendre le personnage historique : par exemple, Loys au service du duc et Nicolas le verrier , tous deux frères de Naëlle, en se positionnant pour ou contre Philippe le Bon, vont contribuer à évoquer ses qualités et ses défauts permettant en quelque sorte d’atteindre plus la vérité du personnage historique .

Le titre : D’infinies promesses a été choisi et trouvé par Annie Degroote comme elle le fait pour tous les titres de ses romans.

La couverture de ce livre représente un détail d’un tableau de Jan Van Eyck Les époux Arnolfini . Ce portrait date de l’époque et le peintre est lié à Philippe le Bon puisqu’il a réalisé deux portraits de sa troisième épouse Isabelle avant leur mariage.

On le voit ainsi, cela prend du temps d’écrire un roman comme D’infinies promesses : des semaines, des mois, un an…

Conclusion : Ce qui semble caractériser Annie Degroote dans ses romans historiques, c’est qu’elle évolue :

_ entre Histoire et fiction

_ entre attachement aux racines et ouverture à la différence

_ entre hier et aujourd’hui

_ entre deux mondes sociaux qui s’opposent

Donc, entre des univers éloignés qui se rejoignent toujours car cette romancière ne cesse d’y accrocher des passerelles. Ainsi, Annie Degroote , par la magie de l’écriture, tisse sans relâche, dans ses romans, le lien entre deux extrêmes à l’image de ses parents issus de milieux très différents qui, envers et contre tout, ont réussi à former un couple uni et soudé…

L’actualité d’Annie Degroote :

Cette écrivaine d’origine nordiste a obtenu en 2015 la Médaille d’or de la Renaissance française pour le rayonnement culturel. En 2016 elle a reçu une Rose d’or par la société des Rosati d’Arras qui récompense les personnalités faisant connaitre et aimer notre région dans les domaines des Arts et des Lettres. Elle sortira fin 2017 son seizième roman : Nocturne pour Stanislas .

Merci à Annie Degroote pour sa très intéressante conférence littéraire et merci d’ avoir fait un bout de chemin historique avec nous, lectrices et lecteurs. Merci à tous ceux qui ont œuvré pour la réussite de cet après midi : Mr Duval, Brigitte, Georges et Mr Courouble qui nous a amené des romans d’Annie Degroote qui ont été gentiment dédicacés par l’auteure.

Et pour conclure, nous formulons le vœu qu’Annie Degroote ne perde jamais le Nord dans ses romans…                                                                           Véronique

 

La bibliographie d’ Annie Degroote :

Ses romans : La Kermesse du diable 1994 – Le Cœur en Flandre 1996_ L’Oubliée de Salperwick 1998_Les Filles du Houtland 2000_ Le Moulin de la Dérobade 2001_ Les Silences du maître drapier 2002_ La Splendeur des Vaneyck 2004_ Les Amants de la petite reine 2005_ L’Etrangère de Saint-Pétersbourg 2007_Un Palais dans les dunes 2008_Renelde , fille des Flandres 2009_ Les Jardins du vent 2010_ Les Racines du temps 2011_ Les Perles de la Moïka 2014_ D’Infinies promesses 2015…

D’autres ouvrages : Fier d’être nordiste-cent bonnes raisons_La Flandre de France_ Balade dans le Nord_ Frontière_

    

 

 

 

 

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