La lecture d’un roman jette sur la vie une lumière… L. Aragon

Ce mardi 22 novembre 2016, nous avons accueilli Yolande qui s’est montrée très attentive à nos lectures. Nous étions 16 et le groupe était au complet, curieux à l’idée de tenter une nouvelle expérience. En effet, pour la 1^ère fois, nous avons échangé autour d’un même roman Nymphéas noirs que nous avions presque tous lu et tous apprécié. Ce livre, 5^ème ouvrage de Michel Bussi, a été le roman policier français le plus primé en 2011. L’histoire se passe à Giverny, village normand de Claude Monet, berceau de nombreux chefs d’œuvre du peintre mais aussi lieu de tous les mystères. L’intrigue se porte sur trois personnages féminins : une fillette, une institutrice, une vieille femme…

Nous recommandons ce très beau roman à énigmes, véritable puzzle impressionniste pour son atmosphère, la psychologie de ses personnages, la description si fidèle des lieux par Michel Bussi, écrivain et géographe, pour l’univers de la peinture de Monet et pour son dénouement stupéfiant que personne dans le club lecture n’a su prévoir.

 

 

 

Et si vous voulez en savoir plus sur les « polars » vous pouvez consulter ce dossier qui étudie le roman policier de ses origines à aujourd’hui :

 

               NAISSANCE ET EVOLUTION DU ROMAN POLICIER

Avant le roman policier, à ses origines, il y a eu la « littérature noire » très en vogue à la fin du 18^ème siècle. En réaction au Siècle des Lumières où écrivains et philosophes pensent connaissance, morale et science, les « romans noirs » apportent à un public avide d’émotions fortes des histoires romanesques et ténébreuses.

C’est au 19^ème siècle qu’apparaissent les premiers véritables romans policiers. L’américain Edgar Allan Poe en est l’inventeur. Dans sa nouvelle « Le double assassinat de la rue Morgue », il met en place les trois règles du genre policier : Un assassin+ un crime + un détective. Edgar Allan Poe crée alors , avec son personnage Auguste Dupin, le type du fameux enquêteur excentrique, marginal, perspicace et doué d’un grand esprit d’analyse. En France , Emile Gaboriau écrit « L’affaire Lerouge » qui met en scène le policier Lecoq inspiré par un personnage historique réel Vidocq ancien repris de justice devenu chef de brigade de police.

Au début du 20^ème siècle, c’est en Angleterre que le roman policier trouve ses lettres de noblesse avec Arthur Conan Doyle. Cet écrivain écossais (également médecin) imagine un fascinant héros Sherlock Holmes, détective qui enquête avec une rigueur toute scientifique. Il faut dire que se développe à la même époque la « médecine légale » c'est-à-dire au service de la justice. Le roman  « Le chien des Baskerville » assure alors le triomphe de Sherlock Holmes et de son fidèle ami le docteur Watson. En France, Maurice Leblanc met en scène le personnage d’Arsène Lupin qui, lui, est un prodigieux gentleman cambrioleur.

Quelques années plus tard, sous la plume de Gaston Leroux, le jeune reporter Rouletabille résout « Le mystère de la chambre jaune » et « Le parfum de la dame en noir » n’a plus de secret pour lui. Mais le maître absolu du roman policier à énigme est sans conteste l’anglaise Agatha Christie. Cette lady crée des intrigues très élaborées où enquêteront tantôt le détective Hercule Poirot, tantôt la très perspicace Miss Marple. Agatha Christie invente alors « la murder party » ou assemblée autour d’un crime comme dans ses huis-clos mystérieux « Le crime de l’Orient-Express », « Mort sur le Nil » ou « Dix petits nègres ».

Aux USA, dans les années 1920, avec la Prohibition, un nouveau type de détective apparait « le privé » qui fait payer ses services et enquête dans les bas-fonds, les milieux glauques comme dans les romans noirs de Dashiell Hammet. Le personnage  Philippe Marlowe créé par Raymond Chandler incarne ce héros d’allure négligée, triste et sombre. Mais bientôt ce nouveau courant dérive aux USA puis en Europe, vers « une littérature de gare » : on produit vite des livres bon marché de récits à suspense à lire le temps d’un voyage. Ainsi naissent les séries et collections policières comme Le Masque, La Série Noire ou Le Fleuve Noir où l’on trouvera les « San Antonio » de Frédéric Dard.

Mais le roman policier est un genre vivant qui continue à évoluer, il reprend ainsi sa place dans la littérature avec l’écrivain Georges Simenon qui privilégie les analyses psychologiques et les descriptions de milieux avec son commissaire Maigret. On peut aussi citer les auteurs Boileau-Narcejac et Sébastien Japrisot qui inventent des intrigues plus complexes.

Aujourd’hui, le roman policier, dit « polar » familièrement, n’est plus méprisé. Son lectorat s’est élargi aux femmes et à toutes les couches sociales. 1 livre vendu en France sur 4 est un roman policier. S’éloignant des vingt règles du polar établies par l’auteur Van Dine en 1928, il développe maintenant toutes ses facettes : On trouve des intrigues classiques et linéaires mais aussi des polars historiques, psychologiques, ethnologiques, régionaux, des thrillers( du verbe anglais to thrill :frémir), des cyberpolars…On écrit des romans policiers dans tous les pays mais les auteurs les plus connus proviennent de France( Michel Bussi, Fred Vargas, Jean Christophe Grangé…), des USA (Mary Higgings Clark, Harlan Coben, Elizabeth George, Dan Brown, Michael Connelly…) , du Royaume Uni et de Scandinavie (comme le regretté Stieg Larsson, Camilla Lackberg…). Ainsi le roman policier a de beaux jours devant lui car il permet à ses lecteurs de s’évader dans le réel et les aide à mieux comprendre le monde contemporain.    

Et voici nos coups de cœur du mois :

_L’univers de Tiburce de Fernand Duquenne a beaucoup touché Angèle : c’est l’histoire simple, émouvante et douloureuse de plusieurs êtres cabossés par la vie qui se sont retrouvés par hasard à la résidence du Bonheur…Beaucoup d’émotion, de poésie et de délicatesse…

_Face à la mer : Françoise Bourdin y décrit le mal du siècle « le burn out ». Mathieu consacre sa vie à sa librairie ce qui lui vaut un divorce et un burn out. Déprimé, il se réfugie dans la maison de son ami César qui vient de mourir. Sa famille essaie de l’aider sans y arriver. Il fait une psychothérapie qui lui permet de trouver l’origine de son mal être dans son enfance. Les neveux de César contestent la vente en viager de sa maison et provoquent un sursaut chez Mathieu quand ils s’attaquent à la librairie…

_Freud et la guerre écrit par un collectif d’auteurs psychanalystes et écrivains comme François Ansermet, Marlène Bélilos… C’est un véritable traité sur le pourquoi de la guerre qui amène à une réflexion sur la genèse de la guerre dans le contexte des écrits de Freud.

_Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson. Après les ravages causés par une chute, plutôt que marcher sur un tapis roulant d’un centre de rééducation, l’auteur a choisi la marche sur les chemins de France, les chemins noirs, sentiers parfois devenus inexistants où il fera de belles rencontres. Une ode au courage et à l’amitié…

_No et moi de Delphine de Vigand . Lou est une adolescente surdouée vivant au sein d’une famille meurtrie suite à un deuil. Voulant faire un exposé sur les SDF, elle se rapproche de No qui vit dans la rue. Quand des solitudes se rencontrent…

_L’ombre de nos nuits de Gaëlle Josse : Deux récits se dessinent dans ce roman avec au centre un tableau de Georges de La Tour. En 1649,le peintre crée  « St Sébastien soigné par Irène » et de nos jours dans un musée une femme est saisie par la tendresse et la compassion qui se dégage de cette peinture. Elle va alors revivre son histoire avec un homme qu’elle a aimé. Une vraie exploration des mystères que recèle le cœur.

_14 juillet : Avec une écriture et un style remarquables, Eric Vuillard fait le récit de la prise de la Bastille en redonnant vie à tous ces héros anonymes qu’étaient les petites gens du peuple. Le lecteur est littéralement emporté dans ce mouvement révolutionnaire…

Le club se retrouvera mardi 20 décembre et pour commencer la réunion , un compte rendu sera fait sur les nouveaux prix littéraires de 2016. En attendant, bonnes lectures…        

Véronique